Depuis le mois de mai 2024, les entreprises de Nouvelle-Calédonie voient leur régime fiscal des indemnités d’assurance évoluer sensiblement. En particulier, la Loi du pays n° 2025‑2 du 20 janvier 2025, puis sa modification par la Loi du pays n° 2025‑7 du 19 juin 2025, visent à encadrer l’exonération des indemnités ou aides d’assurance perçues par les entreprises. Cette note explicative joue un rôle essentiel : elle précise les modalités nouvelles d’application du dispositif, remplaçant toute interprétation antérieure. Nous allons examiner ce que prévoit cette réforme, son entrée en vigueur, ses conditions d’application, et les points d’attention pour les entreprises en Nouvelle-Calédonie.
Le cadre légal initial : la loi du 20 janvier 2025
L’article 2 de la loi du pays n° 2025-2 du 20 janvier 2025 instaure, dans son Titre I, un dispositif d’exonération des aides ou indemnités d’assurance versées aux entreprises.
Cette loi prévoit notamment que pour l’application de ce texte, « entreprise » désigne les personnes physiques ou morales de droit privé résidentes fiscales en Nouvelle-Calédonie exerçant une activité économique.
Le dispositif permet donc aux entreprises d’être dispensées d’impôt sur les indemnités d’assurance reçues, dans certaines conditions.
Par ailleurs, la loi prévoit que l’impôt ou la fraction d’impôt dont l’entreprise aura été dispensée devient immédiatement exigible si les conditions cessent d’être remplies avec intérêts de retard à calculer.
En résumé, la loi de janvier 2025 mettait en place un régime d’exonération mais avec des conditions strictes de maintien.
La modification du 19 juin 2025 : précisions et ajustements
La loi du pays n° 2025-7 du 19 juin 2025 modifie cette disposition initiale de la loi de janvier.
L’article 34 de cette loi modifie l’article 2 de la loi de janvier, ce qui a pour effet de préciser ou d’ajuster les modalités d’application.
Parmi les enseignements :
- Le bien acquis en cas de réinvestissement de l’indemnité d’assurance doit être conservé pendant une durée déterminée.
- Le texte permet de clarifier que l’exonération ne s’applique que dans certaines conditions propres à la nature du bien ou à l’affectation de l’indemnité.
Ainsi, la modification de juin 2025 vient préciser les obligations de l’entreprise en cas de réinvestissement de l’indemnité et les conditions de maintien de l’exonération.
Modalités d’application et points de vigilance
Pour appliquer correctement ce dispositif, les entreprises doivent respecter plusieurs modalités :
- Être résidentes fiscales en Nouvelle-Calédonie et exercer une activité économique. (selon la loi du 20 janvier).
- Que l’indemnité ou l’aide d’assurance soit versée après l’entrée en vigueur du dispositif et dans les conditions fixées par la loi et ses modifications.
- En cas de réinvestissement de l’indemnité d’assurance, les biens acquis doivent être conservés pendant la durée fixée par l’article modifié. (voir loi du 19 juin)
- Veiller au respect des conditions de maintien de l’exonération : le non-respect entraîne la reprise de l’impôt avec intérêts de retard.
Points de vigilance à noter :
- La notion de « aide ou indemnité d’assurance » doit être interprétée avec soin : il faut vérifier que l’objet de l’indemnité correspond bien au cadre légal.
- Le délai de conservation des biens en cas de réinvestissement impose une visibilité à moyen terme sur l’investissement effectué.
- Le dispositif ne s’applique pas nécessairement à d’autres indemnités ou formes de soutien non visées clairement par la loi.
- La date d’entrée en vigueur est essentielle pour déterminer l’application (la loi du 19 juin est déjà applicable, et modifie le texte de janvier).
Impacts pratiques pour les entreprises et enjeux
Du point de vue des entreprises, l’exonération représente une opportunité de soutenir un investissement ou d’amortir un sinistre sans alourdir la charge fiscale. Cela peut favoriser la relance ou la réparation après un sinistre.
Cependant, l’enjeu est aussi de taille : le respect strict des conditions : conserver le bien acquis, ne pas détourner l’usage, respecter les délais. Le dispositif est généreux mais comporte des obligations.
En outre, si l’entreprise ne respecte pas les conditions, l’impôt redevient exigible avec intérêts : cela peut entraîner une charge fiscale imprévue.
Pour les conseillers fiscaux et comptables, cette réforme impose de mettre en place un suivi administratif rigoureux (dates, investissements, conservation des biens, documents justificatifs).
Enfin, sur le plan macroéconomique, cette mesure s’inscrit dans une logique d’incitation à la reconstruction ou à l’investissement, en particulier après des événements comme les émeutes de mai 2024 (bien que cette réforme ne soit pas exclusivement liée à ce contexte).
La réforme du traitement fiscal des indemnités d’assurance pour les entreprises en Nouvelle-Calédonie, via la loi du pays n° 2025-2 du 20 janvier 2025 et sa modification par la loi du pays n° 2025-7 du 19 juin 2025, marque un tournant. Elle offre un cadre d’exonération mais avec des conditions précises qu’il convient de respecter. Pour les entreprises, il s’agit d’une opportunité à saisir… à condition d’en respecter strictement les modalités.
Il est donc essentiel de bien documenter l’indemnité d’assurance reçue, de vérifier sa conformité, de formaliser tout réinvestissement, et de s’assurer de la conservation du bien acquis. Une erreur pourrait conduire à une reprise de l’imposition.
Agissez : informez votre comptable, anticipez le suivi administratif, sécurisez votre exonération.















