Deux enfants de 10 et 13 ans soupçonnés d’un cambriolage scolaire à Rivière-Salée. Un choc pour Nouméa.
Une effraction qui glace : l’école, cible d’enfants
Dans la nuit de dimanche à lundi, le collège de Rivière-Salée, annexe du lycée Petro Attiti a été la scène d’un cambriolage pour le moins déroutant. Des ordinateurs et des tablettes ont disparu d’une salle d’examen. Rien d’extraordinaire, diront certains, tant les vols dans les établissements scolaires se sont multipliés ces derniers mois. Mais cette fois, les auteurs présumés ont à peine dépassé l’âge du CM2.
Ce n’est plus une question de délinquance, c’est une perte totale de repères
confie un enseignant du quartier, abasourdi par les faits. La Direction Territoriale de la Police Nationale a agi avec rapidité et méthode : les enquêteurs ont remonté la piste en quelques heures, grâce à des indices précis laissés sur place.
Dix et treize ans : l’âge de tous les dangers
Les deux jeunes mis en cause, âgés de 10 et 13 ans, ont été identifiés, puis entendus en présence de leurs parents. Ils auraient reconnu être entrés dans les locaux, mais sans mesurer la gravité de leurs gestes. Une affaire désormais suivie par le Parquet de Nouméa, qui cherche à comprendre comment des enfants aussi jeunes ont pu se retrouver impliqués dans un cambriolage organisé.
À cet âge, on devrait parler de cartables, pas de casiers judiciaires
souffle un parent d’élève, choqué. Le dossier met en lumière une dérive préoccupante : la délinquance juvénile gagne du terrain, parfois sous des formes quasi ludiques. Les réseaux sociaux, les jeux d’imitation et l’absence de cadre familial solide sont souvent pointés du doigt.
Une société face à son propre miroir
Ce fait divers dépasse la simple effraction : il interroge notre modèle éducatif et la responsabilité collective. Dans plusieurs quartiers de Nouméa, enseignants et éducateurs tirent la sonnette d’alarme.
Nous manquons cruellement de structures de prévention adaptées aux préadolescents
déplore un ancien travailleur social de Rivière-Salée. La province Sud multiplie pourtant les dispositifs de soutien, de médiation et de repérage des jeunes en rupture. Mais les moyens manquent, la fatigue s’installe, et les signaux d’alerte se banalisent. Quand un enfant de dix ans franchit la ligne, c’est toute la chaîne éducative et familiale qui vacille.
Le besoin d’un sursaut collectif
Il serait trop facile de tout renvoyer à la police ou à la justice. Le véritable enjeu est ailleurs : redonner du sens à l’autorité, à l’école, et à la responsabilité parentale. La Nouvelle-Calédonie, confrontée à une montée visible de la petite criminalité, doit engager un débat lucide sur la prévention dès le primaire.
La société calédonienne n’a pas besoin de nouveaux mineurs délinquants, mais d’adultes présents, cohérents et capables de dire non. Ce fait divers n’est pas une fatalité : c’est un signal, un cri d’alarme que personne ne peut ignorer.














