La Nouvelle-Calédonie doute parfois d’elle-même. Mais il suffit qu’un symbole national se rallume pour rappeler que ce territoire sait encore célébrer ce qu’il a de plus précieux.
Un anniversaire historique qui ravive la fierté calédonienne
Depuis hier soir, le Phare Amédée, sentinelle emblématique du lagon, brille comme rarement. Pour ses 160 ans, l’îlot s’est transformé en scène à ciel ouvert où l’histoire rencontre l’émotion. L’illumination inaugurale a offert un spectacle saisissant : un phare sculpté de couleurs intenses, porté par une mise en lumière conçue par Laurent Lange, véritable artisan d’un moment inoubliable.
C’est peu dire que le résultat a été à la hauteur. Pendant trois heures, la silhouette élancée du phare a scintillé au rythme d’une chorégraphie lumineuse parfaitement exécutée. Un hommage puissant à ce monument qui, depuis 1865, guide les marins et incarne la présence française au cœur du Pacifique. Dans un contexte où certains rêvent d’effacer les marqueurs de notre histoire commune, voir le Phare Amédée briller ainsi prend une résonance toute particulière : ici, la France éclaire encore le lagon.
Cet événement n’est pas improvisé : il est pensé, structuré, assumé. Le musée maritime de Nouvelle-Calédonie mène l’opération avec l’autorisation du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et de la province Sud, le soutien logistique de la Marine nationale et l’appui de la Mission aux affaires culturelles du Haut-Commissariat. Une coopération exemplaire entre institutions républicaines, loin des polémiques, ancrée dans un objectif clair : faire vivre le patrimoine national.
Les illuminations sont visibles chaque soir jusqu’au 15 novembre, de 19 h à 22 h. Une occasion unique d’admirer ce joyau d’acier dans une mise en scène qui transcende son architecture. Les visiteurs présents hier ne s’y sont pas trompés : beaucoup parlent déjà de l’un des plus beaux rendez-vous culturels de l’année.
Un spectacle vivant pour raconter 160 ans d’histoire française dans le Pacifique
À l’occasion de cet anniversaire, le musée maritime ne se contente pas d’un spectacle lumineux : il propose une véritable plongée dans la mémoire du phare, racontée avec talent par la Compagnie de l’Archipel. Sur un texte de Firmin Mussard et une mise en scène de Dominique Jean, une joyeuse troupe de comédiens redonne vie aux moments forts de l’histoire du Phare Amédée.
On y croise les ingénieurs visionnaires, les gardiens infatigables, les marins qui ont longtemps dépendu de cette tour de fer pour franchir les récifs traîtres du lagon. L’ambition est claire : replacer ce phare dans ce qu’il a toujours été un symbole de modernité et de souveraineté française dans une région stratégique.
Le spectacle se déroule en extérieur, côté mer, devant le musée maritime. Une scénographie simple mais efficace, où la mer devient décor naturel et amplifie l’impression de voyage dans le temps. Les comédiens, costumés avec soin, alternent humour, émotion et séquences pédagogiques accessibles à toutes les générations. Une manière de rappeler que le patrimoine n’est pas un vestige figé, mais une histoire vivante, et que le Phare Amédée mérite sa place parmi les grandes réussites techniques françaises du XIXᵉ siècle.
Trois dates seulement :
Vendredi 21 novembre – 18 h et 19 h 30
Samedi 22 novembre – 18 h et 19 h 30
Dimanche 23 novembre – 16 h 30
Les tarifs, volontairement accessibles, confirment la volonté d’ouvrir largement cet anniversaire à la population : 1 000 F par adulte, 500 F pour les enfants, gratuit pour les moins de six ans et les membres du musée. Une manière assumée de rappeler que la culture ne doit pas être un luxe.
Le retour du lien entre les Calédoniens et leur patrimoine : une soirée “Sunset & Lumières” sur le lagon
Pour compléter ce mois de célébrations, le Mary D Seven offre un moment rare : une sortie Sunset & Lumières le vendredi 14 novembre, au départ de Port Moselle. Une parenthèse poétique sur le lagon, où les passagers assistent au coucher du soleil avant de découvrir le phare illuminé depuis la mer. La traversée, pensée comme un hommage à la beauté du lagon, inclut une boisson offerte et un retour prévu vers 20 h.
Ce type d’initiative n’a rien d’anodin. Elles répondent à une attente profonde : renouer avec les lieux qui racontent la présence française dans l’archipel et rappeler que le patrimoine maritime reste un pilier identitaire. Le Phare Amédée, inauguré le 15 novembre 1865 sous le regard du gouverneur Guillain, demeure l’un des symboles les plus puissants de l’ingénierie française exportée dans le Pacifique. Préfabriqué à Paris, transporté pièce par pièce jusqu’en Nouvelle-Calédonie, puis réassemblé sur l’îlot, il incarne cette époque où la France bâtissait loin, mais bâtissait grand.
En célébrant ses 160 ans, c’est tout un pan de notre histoire collective qui refait surface : le courage des bâtisseurs, le rôle des techniciens, la vision stratégique de l’État français, la continuité du service public maritime. Un héritage que certains cherchent parfois à minimiser, mais qui demeure essentiel pour comprendre ce territoire et son évolution.
Aujourd’hui, le phare n’est plus simplement un outil de navigation : il est un repère, un marqueur, un appel à la transmission. Et l’illuminer ainsi, avec l’aide de la Marine nationale et du musée maritime, c’est refuser l’effacement. C’est affirmer, sans détour, que ce pays se construit aussi autour de ses monuments, de leur beauté, de leur lumière.
Réservations pour la sortie Sunset : 26 31 31
(Crédit photo : Musée maritime de Nouvelle-Calédonie)




















