La Nouvelle-Calédonie avance lorsqu’elle décide de reprendre la main sur ses outils.
Et le Parc naturel de la mer de Corail n’échappe pas à cette exigence de clarté, d’ordre et de responsabilité collective.
Un cadre enfin clarifié pour un parc stratégique
La réunion du 5 novembre, organisée au siège du gouvernement, n’était pas une simple formalité administrative : elle marque un tournant dans la structuration du Parc naturel de la mer de Corail.
Les membres des collèges du comité consultatif, mobilisés plusieurs semaines plus tôt lors des ateliers préparatoires, ont été invités à découvrir la synthèse des travaux et à donner un avis final avant la dernière ligne droite.
Ces ateliers, conduits du 30 septembre au 3 octobre par le SPNMCP, ont bâti les fondations d’un futur plan de gestion qui se veut plus exigeant, plus lisible et surtout plus efficace.
Deux objectifs ont émergé comme prioritaires : la feuille de route du prochain plan de gestion et l’inscription du Parc à la Liste verte de l’UICN (Union internationale pour la conversation de la nature). Deux chantiers lourds, mais assumés, car ils conditionnent la crédibilité internationale du territoire.
Derrière l’apparente technicité, une idée simple domine : la Nouvelle-Calédonie doit s’affirmer comme un gestionnaire responsable de son immense espace maritime. Et cela passe par des choix fermes, non par un relativisme permanent.
La fermeté, condition de la crédibilité : réserves, tourisme et bilans annuels
Lors des ateliers, les collèges ont été consultés sur un dossier sensible : l’ouverture contrôlée des réserves naturelles à de petites expéditions touristiques.
Une question qui oppose traditionnellement prudence écologique et développement raisonné.
Cette fois, les discussions ont permis d’esquisser un équilibre : protéger les zones à haute valeur écologique tout en permettant un accès mesuré, suffisamment encadré pour éviter tout débordement.
Autre point capital : la mise en place d’une méthodologie robuste pour évaluer les effets éventuellement observables liés à la création des réserves.
Ce bilan annuel, imposé par l’arrêté du 18 octobre 2023, exige du sérieux, non de l’approximation. Pour la première fois, les collèges ont convergé vers un même impératif : mesurer, vérifier, rendre des comptes. Une démarche de bon sens, conforme à une gouvernance moderne, loin des postures idéologiques qui freinent si souvent les projets publics.
La restitution menée par Mondy Laigle, en charge de la gouvernance du Parc au SPNMCP, a permis de synthétiser les positions, pointant les convergences, mais aussi les divergences qui nécessitent encore un travail d’arbitrage.
Les coutumiers, les professionnels de la mer, la société civile et les ONG ont confirmé plusieurs axes majeurs, tout en maintenant un dialogue ouvert là où des clarifications sont encore nécessaires.
Dans un contexte où les équilibres environnementaux sont souvent instrumentalisés, cette méthode collégiale, ferme et structurée, relève presque de l’exception.
Une feuille de route consolidée avant un vote crucial le 28 novembre
À l’issue de cette série d’ateliers, un projet de feuille de route cohérent a émergé. Il servira de base au débat final lors du prochain comité consultatif du Parc, le 28 novembre.
Ce rendez-vous sera déterminant : il validera ou ajustera les grandes orientations qui guideront les gestionnaires du Parc pour les années à venir.
L’étape suivante sera consacrée au diagnostic complet du Parc et à l’élaboration d’un état des lieux précis une phase indispensable pour identifier les enjeux stratégiques : zones sensibles, pressions humaines, besoins de surveillance, priorités scientifiques et perspectives touristiques raisonnées.
Car pour être crédible, un plan de gestion doit s’appuyer sur du concret : des données, des mesures, une vision à long terme, pas sur des slogans.
La collectivité l’a compris, et c’est précisément cette rigueur qui ouvre la voie à l’inscription à la prestigieuse Liste verte de l’UICN, symbole mondial d’exemplarité écologique.
Cette dynamique traduit aussi un état d’esprit plus large : celui d’une Nouvelle-Calédonie qui refuse la facilité, qui reprend en main sa trajectoire écologique, économique et souveraine.
Le Parc de la mer de Corail n’est pas un territoire symbolique : c’est l’un des leviers majeurs de l’influence française dans le Pacifique, et un atout stratégique dans un monde où les océans deviennent un enjeu de puissance.
Entre exigence scientifique, gouvernance assumée et ambition internationale, la refonte du plan de gestion du Parc naturel de la mer de Corail marque une étape décisive.
Le 28 novembre, ce sont les choix d’une collectivité qui veut avancer sans victimisation, sans hésitations qui seront formalisés.
Un Parc mieux géré, c’est une Nouvelle-Calédonie plus forte, plus crédible et plus souveraine dans le Pacifique.














