C’est un séisme politique dans le camp indépendantiste. Après plus de quarante ans de compagnonnage, le Palika tourne la page du FLNKS.
Réuni en congrès, le parti fondé par Paul Néaoutyine a décidé de sortir du Front de Libération Nationale Kanak et Socialiste, jugeant que celui-ci « ne correspond plus à ce qui faisait son essence ».
Une annonce portée par Charles Washetine, porte parole du Palika, lors d’une conférence de presse qui fera date.
« Ce n’est pas une injonction, c’est une décision politique qui s’impose à nous »
D’entrée, Charles Washetine a tenu à clarifier : cette rupture n’est pas un coup de tête, ni une manœuvre tactique, mais une décision assumée, mûrie, et inévitable.
Ce n’est pas un choix lié à une injonction. C’est un fait politique majeur qui s’impose à nous,
a-t-il déclaré, rappelant que le 50ᵉ congrès du parti marquait une étape historique :
Cela fait quarante et un ans que nous sommes au sein du FLNKS.
Le responsable indépendantiste a justifié cette sortie par un constat simple : le FLNKS d’aujourd’hui n’est plus celui du combat collectif, de la stratégie partagée et du dialogue.
Nous considérons que ce qui se fait au sein du FLNKS ne correspond plus à ce que nous portons. Nous n’arrivons plus à retrouver ce qui faisait l’essence du Front,
a-t-il poursuivi.
Un FLNKS dévoyé de sa stratégie initiale
Le ton s’est fait plus grave lorsqu’il a évoqué le fond du désaccord. Pour le Palika, le FLNKS s’est éloigné de la stratégie d’indépendance négociée et responsable, au profit d’une logique de confrontation.
Nous portons une option politique d’indépendance ouverte sur le monde, avec comme point central la négociation,
a martelé Washetine.
Il a rappelé que cette ligne de construction, née des accords de Matignon et de Nouméa, avait permis d’obtenir des avancées concrètes pour le pays.
C’est dans le cadre du dialogue et de la négociation qu’on peut faire aboutir notre projet politique. Ce n’est pas dans la destruction.
Un message clair adressé autant aux siens qu’à ceux qui, au sein du mouvement indépendantiste, ont choisi la radicalité.
Donner de la clarté à la base et préparer la relève
Le Palika, explique Charles Washetine, veut avant tout redonner de la clarté à ses militants et à ses sympathisants.
Il fallait dire à nos propres gens comment nous continuons. Cela fait 41 ans que nous sommes dans le Front, mais le pays a changé, et notre jeunesse aussi.
Pour lui, il s’agit de retrouver le sens du projet, de rappeler que l’indépendance ne se construira pas contre la démocratie, mais à travers elle.
Le responsable a également évoqué la nécessité de transmettre une culture politique de responsabilité :
Les jeunes d’aujourd’hui n’ont pas connu les accords. Nous devons leur transmettre la logique de construction, pas celle de la casse.
Une recomposition majeure du paysage indépendantiste
Avec ce départ, le FLNKS perd l’un de ses piliers historiques, et l’indépendantisme calédonien entre dans une nouvelle ère de recomposition.
Le Palika, fort de sa légitimité et de sa cohérence idéologique, se positionne désormais comme le pôle du dialogue et du réalisme politique, tandis que le FLNKS s’enfonce dans une ligne plus militante et fragmentée.
Washetine l’a rappelé :
Nous avons toujours privilégié la discussion avec la puissance administrante. C’est par la négociation qu’on fera aboutir notre projet.
Autrement dit, le Palika assume d’être le dernier rempart d’une indépendance pragmatique, face à ceux qui préfèrent la surenchère.
Le Palika acte officiellement sa rupture avec le FLNKS, après plus de quatre décennies d’histoire commune.
Une décision lourde, mais lucide : le parti de Charles Washetine et de Paul Néaoutyine choisit la voie du dialogue, contre la dérive radicale.
Le communiqué officiel est attendu dans la journée, mais le message politique est déjà clair : le Palika reprend sa liberté et peut-être, avec elle, la crédibilité de tout un projet indépendantiste.














