La France regarde enfin en face une réalité statistique longtemps ignorée : l’IFOP dévoile un basculement profond et massif.
Derrière les chiffres, c’est une fracture culturelle et politique qui s’installe au cœur de la nation.
Un poids religieux en pleine ascension et un paysage français fragmenté
En 40 ans, la proportion de musulmans parmi les adultes français est passée de 0,5 % en 1985 à 7 % en 2025, selon l’IFOP. Une progression cohérente, mesurée selon une méthodologie éprouvée : 1 005 personnes de confession musulmane interrogées dans un ensemble national de 14 244 répondants. Quotas INSEE, redressements précis, interviews menées du 8 août au 2 septembre 2025 : les chiffres sont robustes, sourcés, incontestables.
Cette poussée démographique fait désormais de l’islam la deuxième religion de France, loin devant le protestantisme (4 %) et juste derrière un catholicisme en recul continuel (43 %). Dans le même temps, les sans-religion atteignent 37,5 %, renforçant un paysage spirituel éclaté.
Mais l’élément que souligne l’IFOP est essentiel : malgré les discours alarmistes sur une présence à 30 %, la réalité mesurée reste 7 %. Pour autant, l’institut constate une dynamique puissante de fragmentation culturelle, conséquence directe de l’effondrement de la « matrice catholique » structurante. Autrement dit : la France se délite, s’atomise, se désunit.
Cette recomposition nourrit ce que François Kraus décrit comme des « îlots normatifs », où se développent des modes de vie de plus en plus éloignés du socle républicain traditionnel. Une France morcelée, une France qui ne partage plus les mêmes codes, une France qui ne parle plus le même langage moral.
Et surtout, une France qui voit monter une religiosité qui ne faiblit pas bien au contraire.
Un processus massif de réislamisation : jeunesse en tête, pratiques en hausse
L’IFOP confirme un phénomène déjà perçu sur le terrain : les générations musulmanes nées en France sont plus religieuses que leurs aînées. 80 % se disent religieuses contre seulement 48 % des fidèles d’autres religions. Et chez les 15–24 ans, ce taux grimpe à 87 %.
Loin de la sécularisation européenne, on observe une réaffirmation forte de l’identité religieuse.
Plus encore, un musulman sur quatre (24 %) se déclare très ou extrêmement religieux, un niveau deux fois plus élevé que dans les autres confessions. Chez les moins de 25 ans, ce taux atteint 30 %, installant un basculement générationnel inédit dans le paysage religieux français.
Dans les pratiques, les chiffres sont tout aussi révélateurs :
• prière quotidienne : 41 % en 1989 → 62 % en 2025,
• fréquentation hebdomadaire de la mosquée : 16 % → 35 %,
• jeûne strict du Ramadan : 60 % → 73 %,
• 83 % des 18–24 ans jeûnent intégralement.
À cela s’ajoute l’effondrement de la consommation d’alcool, avec 79 % d’abstèmes et seulement 12 % de jeunes consommateurs.
L’IFOP ne tourne pas autour du pot : cette montée en puissance relève d’une réaffiliation traditionaliste, un retour assumé aux normes islamiques les plus strictes. Un mouvement profond, enraciné, revendiqué, durable.
Cette intensification touche aussi les pratiques vestimentaires. Le voile, porté par 31 % des musulmanes (dont 19 % en continu), explose chez les jeunes : 45 % des 18–24 ans contre seulement 16 % en 2003.
Le chiffre est sans appel : une jeune musulmane sur deux se voile aujourd’hui.
Et les motivations sont révélatrices :
• 80 % par injonction religieuse,
• 38 % par fierté identitaire,
• 44 % pour se protéger des regards masculins,
• 42 % pour se sentir en sécurité.
Une « pudeur défensive », analyse l’IFOP, mais qui aboutit de fait à un repli visible sur des normes distinctes du modèle français.
Le séparatisme de genre progresse lui aussi : 43 % des musulmans refusent au moins un contact physique ou visuel avec l’autre sexe :
• 33 % refusent la bise,
• 20 % refusent les piscines mixtes,
• 14 % refusent de serrer la main,
• 6 % refusent l’examen par un médecin de l’autre sexe.
Là encore, les jeunes sont plus rigides que leurs aînés. Une ligne de fracture générationnelle que rien ne laisse entrevoir comme temporaire.
Un basculement politique : primauté de la loi religieuse, rejet de la science et essor de l’islamisme
C’est l’un des volets les plus sensibles de l’enquête : 65 % des musulmans estiment que la religion a raison contre la science sur la création du monde. Dans les autres religions, ils ne sont que 19 %.
Un absolutisme religieux que l’IFOP observe en nette progression.
Cette logique s’étend au rapport à la loi :
• 44 % privilégieraient les règles religieuses plutôt que la loi française +16 points depuis 1995,
• 49 % choisiraient la loi française -13 points en trente ans.
Plus préoccupant encore :
46 % estiment que la charia doit être appliquée dans les pays où ils vivent, dont :
• 15 % intégralement,
• 31 % partiellement.
L’enquête confirme aussi une progression nette de l’islamisme :
• 38 % approuvent tout ou partie des thèses islamistes (19 % en 1998),
• 33 % éprouvent de la sympathie pour un courant islamiste,
dont :
– 24 % pour les Frères musulmans,
– 9 % pour le salafisme,
– 8 % pour le wahhabisme,
– 6 % pour le takfir,
– 3 % pour le djihadisme.
Et chez les jeunes, le chiffre clé frappe :
32 % des moins de 25 ans se sentent proches des Frères musulmans.
Une dynamique générationnelle forte, ascendante, inquiétante.
François Kraus résume la situation avec une clarté glaciale :
Les jeunes musulmans se montrent systématiquement plus rigoristes et plus radicaux que leurs aînés. Rien n’indique aujourd’hui que ce mouvement puisse s’inverser.
Autrement dit : la France fait face non pas à une parenthèse, mais à une tendance structurelle.
Cette enquête IFOP, d’une ampleur rare, brise un tabou : la France connaît un processus de réislamisation profonde, porté par une jeunesse qui se radicalise religieusement, rejette la mixité, valorise le rigorisme et adhère de plus en plus à des mouvances islamistes.
Ce mouvement, massif, chiffré, objectivé, impose une réponse politique ferme, lucide et cohérente. Car une nation ne survit pas en laissant croître, en son sein, une norme religieuse qui défie ouvertement ses valeurs fondamentales.














