Une œuvre qui bouscule l’ordre moral et fait trembler la France bien-pensante.
En 1956, le cinéma cesse de chuchoter et assume enfin une vérité charnelle.
1956 : la France secouée par une féminité assumée
Le 28 novembre 1956, Et Dieu… créa la femme surgit sur les écrans. Un film qui rompt avec la bienséance compassée de l’après-guerre. Brigitte Bardot, 22 ans, y incarne une femme libre, insolente, désirable. Son corps ne sert plus de décor : il devient le cœur du récit.
Roger Vadim impose une vision moderne, brute, sans faux-semblants. Le tournage en décors naturels, à Saint-Tropez, signe une rupture esthétique. Le cinéma français quitte les studios aseptisés pour respirer le réel. La France découvre une figure féminine affranchie des codes hypocrites. Le scandale éclate, mais le public comprend : une ère nouvelle commence.
Les ligues de vertu hurlent, la presse conservatrice s’indigne. Pourtant, le succès est inexorable.
La morale vacille, la modernité s’impose.
Et la France retrouve, par le cinéma, son audace souveraine.
Un choc culturel face au puritanisme international
Aux États-Unis, le film est qualifié de « satanique ». Les groupes religieux tentent d’interdire les projections. La censure coupe, ampute, déforme, mais ne brise pas l’élan. Chaque attaque renforce le mythe Bardot. La sensualité française devient un acte de résistance culturelle. Le puritanisme anglo-saxon s’incline devant l’élégance française.
Résultat : 16,5 millions d’entrées américaines, un triomphe. La France exporte plus qu’un film : elle impose un modèle. Bardot devient l’ambassadrice d’une féminité fière et souveraine.
Le cinéma hexagonal reprend enfin sa place dans le concert mondial. La polémique nourrit la légende, et la légende nourrit la grandeur.
Et le public acclame ce vent de liberté maîtrisée.
Bardot, Saint-Tropez et la naissance d’un mythe national
Avec ce film, Saint-Tropez sort de l’anonymat. Le village devient une vitrine de l’art de vivre français. La Madrague, les Canoubiers, la mer brute : une France authentique. Bardot impose un style, une allure, une attitude. Les femmes l’imitent, les hommes la vénèrent.
Simone de Beauvoir la reconnaît comme un symbole de libération féminine. Mais loin d’une victimisation moderne, Bardot incarne la force. Une femme qui choisit, qui assume, qui domine le regard. Le mythe BB s’inscrit dans la durée, au service du rayonnement français.
Même le général de Gaulle y voit une richesse nationale. Le film dépasse le simple écran : il devient patrimoine.
La France affirme sa singularité face au conformisme mondial.
Et Dieu… créa la femme restera le manifeste d’une époque courageuse.
Une France fière, verticale, sûre d’elle. Une France qui n’avait pas peur d’être elle-même.

















