Le Congrès de la Nouvelle-Calédonie donne le ton d’un retour à l’ordre institutionnel ferme. Entre rappel à la discipline et constats sévères sur la gestion publique, la séance du 27 novembre a pris des allures de mise au point politique.
Une gouvernance rappelée à la discipline institutionnelle
Le jeudi 27 novembre, les conseillers de la Nouvelle-Calédonie se sont réunis en séance publique boulevard Vauban, dans un climat marqué par la fermeté institutionnelle et la volonté affichée de restaurer une autorité claire au sein de l’hémicycle. Dès l’ouverture, la présidente du Congrès, Veylma Falaeo, a dû procéder à plusieurs rappels à l’ordre, soulignant la nécessité du respect strict des règles de prise de parole.
Le comportement de Jacques Lalié, intervenu sans autorisation préalable, a illustré une dérive regrettable des « usages parlementaires », rapidement corrigée par une présidente déterminée à faire respecter le cadre républicain. Ce moment de tension a donné le ton d’une séance qualifiée de « particulière », révélatrice des crispations actuelles mais aussi d’une volonté d’assumer une gouvernance rigoureuse.
Rapport de la Chambre territoriale des comptes : une gestion RH sous tension
Au cœur des débats figurait le rapport de la Chambre territoriale des comptes sur la gestion des ressources humaines de la Nouvelle-Calédonie. Si la juridiction financière reconnaît une maîtrise globale des effectifs et de la masse salariale, elle relève de sérieuses insuffisances dans le pilotage stratégique.
Les effectifs, stabilisés autour de 1 900 agents, masquent en réalité une organisation administrative trop souvent approximative. Les données RH sont décrites comme peu fiables, avec des anomalies comptables récurrentes et des états du personnel incohérents. Le suivi des agents mis à disposition est jugé défaillant, révélant un manque de rigueur incompatible avec une gestion publique moderne et responsable.
La Chambre pointe également le recours mal encadré aux chargés de mission, parfois assimilés à de véritables collaborateurs politiques. Le poids des collaborateurs de cabinet, représentant près de 6 % des effectifs, suscite une interrogation légitime sur la soutenabilité du modèle administratif.
Le temps de travail demeure juridiquement indéfini, une situation critiquée pour son manque de clarté et son impact sur la productivité. Les régimes de congés, complexes et peu harmonisés, seraient à l’origine d’absences significatives, fragilisant la continuité du service public.
Si la masse salariale reste contenue, le régime indemnitaire apparaît trop complexe, parfois irrégulier et inégalement appliqué. Les avantages en nature sont jugés insuffisamment encadrés, ouvrant la voie à des pratiques ambiguës, contraires à l’exigence de transparence.
La Chambre appelle ainsi à une réforme structurelle et à un pilotage plus ferme, fondé sur des standards clairs et une gouvernance assumée.
Concurrence : un texte renvoyé sous la pression des acteurs économiques
Autre moment clé de cette séance : l’examen du projet de loi du pays portant diverses mesures en matière de concurrence. Présenté à l’initiative de Lionnel Brinon, ce texte a finalement été renvoyé en commission, suite à une motion préjudicielle déposée par Calédonie ensemble et votée à l’unanimité.
Ce renvoi s’explique par la réception tardive d’un courrier de la FEINC, arrivé quarante-huit heures avant l’examen en séance publique. Ce document soulève plusieurs points jugés essentiels et absents des débats initiaux en commission. Parmi eux figurent la question des remises de fin d’année, des marges arrière et la problématique sensible des délais de paiement : autant de pratiques de légalité commerciale qui touchent directement la compétitivité, la transparence et la loyauté des échanges économiques.
Les élus ont considéré qu’un réexamen approfondi s’imposait, afin d’éviter toute législation précipitée aux effets collatéraux mal maîtrisés. Ce choix marque une volonté de privilégier la rigueur juridique et la protection du tissu économique local plutôt qu’une réforme bâclée.
Cette séance aura mis en lumière une double exigence : celle du respect de l’ordre institutionnel et celle d’une gestion publique irréprochable. Le rappel à l’ordre opéré par la présidente du Congrès s’inscrit dans une logique de restauration de l’autorité politique. Face à une société confrontée à des défis économiques et sociaux majeurs, la rigueur administrative devient un impératif stratégique.
Le rapport de la Chambre territoriale des comptes agit comme un signal d’alarme salutaire, appelant à une réforme en profondeur des pratiques RH. Dans le même temps, la prudence affichée sur le dossier de la concurrence témoigne d’un souci de responsabilité face aux acteurs économiques.
Dans un contexte de tensions politiques et économiques, cette séance illustre une volonté de remettre la Nouvelle-Calédonie sur le chemin de la responsabilité et de la rigueur publique.


















