La stabilité apparente des prix en Nouvelle-Calédonie cache une réalité bien plus brutale pour les foyers fragiles.
Derrière les chiffres officiels, une fracture sociale silencieuse se creuse.
Une stabilité statistique qui masque une réalité économique déséquilibrée
En octobre 2025, l’indice général des prix à la consommation affiche un trompeur +0,0 %, après une baisse en septembre. Cette stagnation, présentée comme un signe d’apaisement, dissimule en réalité des dynamiques opposées et profondément inégalitaires.
La hausse brutale des prix de l’énergie (+3,9 %) et des produits manufacturés (+1,3 %) compense mécaniquement la chute des prix alimentaires (-2,5 %), créant l’illusion d’un équilibre vertueux. Sur un an, l’indice général recule de 0,4 %, mais ce chiffre global ne reflète pas la pression concrète ressentie par les ménages exposés aux postes contraints.

L’ISEE rappelle que les indices sont calculés à partir de plus de 13 000 relevés mensuels, couvrant plus de 1 000 produits et services, de la banane au billet d’avion, pondérés selon la consommation moyenne calédonienne.
Cette méthode rigoureuse n’efface pourtant pas une évidence : l’inflation ne frappe pas tous les Calédoniens de la même manière.
Énergie sous tension et retour brutal des prix manufacturés
Le rebond de l’énergie constitue le principal facteur de déséquilibre du mois d’octobre. Les tarifs de l’électricité bondissent de 9,7 %, conséquence directe de la revalorisation tarifaire programmée visant à rééquilibrer le système électrique calédonien. Cette hausse s’inscrit dans une stratégie réglementaire assumée mais lourde de conséquences pour les foyers dépendants de ce poste incompressible.
En parallèle, la fin des soldes provoque une flambée des produits manufacturés : +10 % pour l’ameublement, +3,5 % pour les vêtements, +5,3 % pour les chaussures, illustrant le retour brutal des prix hors période promotionnelle. Ces hausses traduisent une mécanique implacable du marché, souvent minimisée par un discours politique qui préfère invoquer la conjoncture plutôt que la responsabilité structurelle.
Pendant ce temps, la baisse des produits alimentaires, portée par la chute spectaculaire des légumes (-19,3 %), reste saisonnière et fragile, dépendante des conditions climatiques et des cycles agricoles. Le consommateur averti sait que cette respiration ponctuelle ne saurait compenser la montée durable des charges fixes.
Les ménages modestes, premières victimes du système
Là où l’indice général reste stable, celui des ménages les plus modestes progresse de +0,4 % en un seul mois, après un repli en septembre. Une tendance qui confirme une pression ciblée sur les foyers les plus vulnérables. Sur un an, ces ménages subissent une hausse des prix de +0,3 %, tandis que l’ensemble de la population bénéficie d’une baisse de -0,4 %, creusant un écart social préoccupant.

Cette divergence s’explique par le poids disproportionné de l’électricité dans leur budget, rendant chaque augmentation tarifaire immédiatement perceptible et douloureuse. L’ISEE souligne que l’inflation ressentie dépend directement de la structure de consommation propre à chaque ménage, éloignant certains foyers de la moyenne statistique rassurante. Dans ce contexte, la plateforme prix.nc devient un outil stratégique pour comparer les enseignes et limiter l’impact de la vie chère, sans pour autant résoudre le problème de fond : la fragilité structurelle du pouvoir d’achat calédonien.
L’inflation d’octobre 2025 en Nouvelle-Calédonie révèle une stabilité de façade, derrière laquelle se joue une recomposition inquiétante des inégalités.
Entre hausse de l’énergie, retour des prix manufacturés et pression ciblée sur les plus modestes, le discours rassurant des moyennes masque une réalité plus dure.
Et tant que la politique économique refusera de regarder en face cette mécanique implacable, ce sont toujours les mêmes qui paieront la facture.



















