Ils refusent le naufrage annoncé.
Et, face au silence assourdissant de l’État, la province Sud ose un budget de combat.
INVESTIR QUAND D’AUTRES RECULENT
Dans un pays fragilisé, où la crise économique et l’incertitude institutionnelle pèsent comme des enclumes, la province Sud fait le choix de l’action plutôt que de l’attentisme, assumant une ligne politique claire : défendre l’investissement public, l’emploi local. C’est ce qu’il ressort de la présentation faite par l’exécutif provincial ce jeudi 4 décembre dans l’enceinte du conseil municipal de Nouméa, à l’ensemble des groupes politiques de l’assemblée de la province Sud.
Avec un budget primitif 2026 de 50,1 milliards XPF, construit sur une assiette fiscale prudente estimée à 98,5 milliards XPF, l’exécutif choisit de protéger l’essentiel : les Calédoniens qui travaillent, entreprennent et font tourner le pays.
Le geste est fort. Alors que l’État laisse planer un silence pesant sur ses engagements financiers, la province augmente de 15 % son effort d’investissement, atteignant 10,4 milliards XPF, concentrés à 88 % sur sept programmes stratégiques :
– Administration : 2,2 milliards
– Réseau routier : 1,7 milliard
– Collèges publics : 1,2 milliard
– Habitat : 1,1 milliard
– Soutien aux communes : 1 milliard
– Zones d’aménagement concerté : 1 milliard
– Soutien à l’investissement privé : 963 millions
Dans un contexte où certains prônent la pause, la majorité provinciale rappelle le principe fondateur de toute économie solide : on ne relance rien en fermant le robinet de l’investissement.
Ces choix, qui priorisent les infrastructures, l’école et les entreprises locales, affichent clairement la couleur : pas question de laisser la crise devenir un prétexte à l’inaction.
MAÎTRISER LES DÉPENSES POUR SAUVER L’ACTION PROVINCIALE
À rebours des réflexes de dépense immédiate observés ailleurs, la province Sud poursuit sa méthode : discipline, rigueur et responsabilité. Tout ce que la droite assume, et que les Calédoniens attendent.
La collectivité maintient une épargne brute de 8,7 %, preuve que l’on peut investir massivement sans sacrifier l’équilibre budgétaire. La maîtrise du fonctionnement se confirme malgré plusieurs charges obligatoires :
– +60 millions XPF pour la Caisse locale de retraite
– +290 millions XPF pour les revalorisations salariales imposées par la Nouvelle-Calédonie, notamment dans les secteurs paramédicaux
L’enseignement, la santé et la protection sociale concentreront 54 % du budget, soit 25,2 milliards XPF. Là encore, un choix politique assumé : protéger les familles, les élèves, les plus fragiles, mais sans céder à la logique du chèque permanent.
« Nous ne voulons pas ajouter de la crise à la crise », a martelé la présidente, rappelant que la responsabilité consiste à garantir la continuité du service public, même quand l’État tarde à clarifier sa position.
Pour l’élue Marie-Jo Barbier, le message est limpide : sans ces investissements, « nous compterions plus de drames humains ». C’est précisément la ligne : protéger, soutenir, mais toujours dans un cadre maîtrisé.
L’ÉTAT FAIT DÉFAUT, LA PROVINCE TIENT LA POSITION
Malgré le vote du budget, un constat domine : l’État n’a toujours pas donné de garanties financières pour 2026.
Et c’est toute la mécanique institutionnelle calédonienne qui s’enlise dans cette absence de visibilité.
Les dotations de la Nouvelle-Calédonie principale ressource provinciale « devraient représenter » 25,5 milliards XPF. Le conditionnel dit tout : on travaille dans le brouillard.
Même inquiétude sur le prêt garanti par l’État, dont 24 milliards doivent encore être mobilisés. « Quelles garanties avons-nous ? », interroge Philippe Dunoyer.
Car même en cas d’accord, 36 milliards XPF manqueraient encore pour combler le déficit calédonien estimé à 60 milliards.
Une réalité incontestable : les Calédoniens ont déjà consenti à assez de sacrifices.
Seule voie proposée par Calédonie ensemble : bloquer tous les budgets pour contraindre l’État à se positionner.
Une idée séduisante mais impraticable, rappelée fermement par Sonia Backès : sans budget au 1er janvier, aucun investissement, aucune commande publique or celle-ci représente 50 % de l’investissement total en Nouvelle-Calédonie.
L’exécutif refuse donc de saborder l’économie locale pour un bras de fer politique. Responsabilité avant posture.
Le député Nicolas Metzdorf a révélé l’existence d’un plan de relance de 36 milliards XPF, en discussion à Paris, mais qui dépendra d’un accord institutionnel local. En clair : si la classe politique refuse de s’entendre, aucun soutien ne viendra.
Un scénario que Philippe Michel résume en une formule qui frappe juste :
Depuis deux ans, nous sommes sur une trajectoire de crash. 2026 sera l’année de vérité.
Dans un contexte de fragilité extrême, où l’État hésite et où les équilibres institutionnels se tendent, la province Sud assume une ligne claire, ferme, courageuse : investir, protéger, maîtriser.
Un budget de combat, bâti sur le sérieux plutôt que sur la plainte, sur la responsabilité plutôt que sur la victimisation, et sur une conviction simple : la relance ne se décrète pas, elle se construit.
La province Sud fait le choix de la construction.
L’histoire dira qui a eu raison.

















