Je me réveille avec Houaïlou en tête. Deux jeunes de vingt ans morts, un troisième entre la vie et la mort, 33 morts sur les routes depuis le début de l’année. On parle de prévention, on aligne surtout les croix au bord de la route.
Dans la matinée, c’est la grande loterie des résultats : 70,6 % de réussite au bac, des « mention très bien », des larmes, des câlins et cette blague qui tourne partout : ce soir on va juste manger du riz. Libération pour certains, rattrapage pour d’autres, tout le monde fait semblant d’être détendu.
Au gouvernement, on promet de simplifier la vie des entreprises : droit à l’erreur, silence valant accord, registre unique, démarches en ligne. Et on arrête de faire semblant avec les nakamals : plus question de les traiter comme des salons de thé, on parle licences, contrôles et encadrement du kava comme l’alcool.
En toile de fond, la Calédonie reste sous perfusion : 264 milliards de plan de relance, lettre de Lecornu, questions sur ce qui est prêt ou subvention. Sur Bougival, le Congrès a dit oui sans vraie majorité, on sort les mots « commission mixte paritaire », « Sénat », « Premier ministre », histoire de gagner du temps pendant que l’incertitude continue.
Au Mont-Dore, la campagne démarre. Nina Julie pose ses trois totems : sécurité, emploi, fierté retrouvée. Elle promet la vérité sur les finances, façon polie de dire que sans impôts locaux, la mairie s’effondre, mais que le laxisme, lui, n’est plus une option.
Sur le terrain, les incendies sont « fixés », mais pas oubliés. Les équipes sont rincées, l’ORSEC reste déclenché et on fait venir 40 pompiers de métropole pour que ceux qui dorment 4 heures par nuit puissent enfin souffler.
Pendant ce temps, l’Australie coupe les réseaux sociaux aux moins de 16 ans. Les ados hurlent, les plateformes comptent les futures amendes, et tout le monde se demande qui vérifiera vraiment l’âge derrière l’écran.
À la clinique, on parle reins et pas réseaux : dépistage gratuit, tension, glycémie, diététiciennes qui répètent que tout commence dans l’assiette avant de finir en dialyse. 700 personnes en insuffisance rénale chronique terminale, et beaucoup qui ne le savent même pas.
Dans les airs, le Comité de coordination de Drehu en a assez d’Air Calédonie : retards, annulations, galères en chaîne. Il réclame sanctions, changements d’équipes et indemnisation des usagers. Tout le monde parle de continuité territoriale, mais ce sont toujours les mêmes qui poireautent à l’aéroport.
Et au milieu de tout ça, une gamine de 9 ans et demi, Soline de Dumbéa, gagne un concours national avec un dessin : une pirogue, le drapeau tricolore qui rayonne, et une phrase simple : « liés par la mer, unis par la culture ». Elle fait en un slogan ce que les adultes n’arrivent plus à faire en accords politiques.
Entre les tensions, les crises et les feux, il reste des bacheliers qui crient, des pompiers qui tiennent, des médecins qui dépistent, des enfants qui dessinent et des anonymes qui déposent un cadeau pour Noël. Le pays est cabossé, mais il n’est pas encore à genoux.
Bref.


















