La situation du Centre hospitalier territorial n’est pas nouvelle : pénurie de médecins, recours massif aux contractuels, tensions internes documentées par plusieurs rapports publics. Mais la dénonciation récente formulée par un praticien contractuel relance le débat sur les pratiques administratives de l’établissement et leurs conséquences concrètes sur l’offre de soins.
Dans un courrier argumenté, un praticien affirme avoir été victime d’une rupture anticipée de contrat non sollicitée, en contradiction avec sa demande initiale. Un témoignage individuel, étayé par des documents officiels, qui s’inscrit dans un contexte institutionnel déjà fragile.
Une rupture anticipée contestée, en contradiction avec la demande initiale
Le point central du dossier est précis. Le praticien indique que son contrat à durée déterminée a été rompu par arrêté en date du 6 novembre 2025, sans demande de sa part.
Mon contrat à durée déterminée a été rompu de manière anticipée par arrêté du 6 novembre 2025, alors que je n’avais jamais sollicité une rupture
écrit-il. Selon les éléments communiqués, sa demande portait uniquement sur un congé sans solde suivi de congés annuels, conformément aux dispositions réglementaires applicables. Point essentiel : la cheffe de service aurait confirmé par écrit que cette demande de congé sans solde avait bien été formulée, ce qui contredit l’interprétation retenue par la direction.
Sur le plan réglementaire, la situation des médecins contractuels dans les établissements publics de santé est strictement encadrée. La rupture anticipée d’un CDD ne peut intervenir que dans des cas limitativement prévus par les textes (faute, insuffisance professionnelle, suppression du besoin, ou demande expresse de l’agent).
Or, dans ce dossier, trois relances adressées à la direction seraient restées sans réponse, selon le praticien, avant la notification de l’arrêté. Une absence de réponse qui alimente le sentiment d’une décision unilatérale, prise sans clarification préalable.
Une gouvernance médicale tenue à l’écart du dossier
Autre élément soulevé : la Commission médicale d’établissement (CME) n’aurait jamais été informée du dossier par la direction, selon le praticien. Une omission qui interroge, tant la CME constitue un organe central dans la gouvernance médicale et le dialogue entre administration et corps soignant.
Cette absence d’information formelle contribuerait à renforcer le malaise ressenti par certains praticiens contractuels, déjà confrontés à une grande instabilité statutaire.
Un cas individuel révélateur d’un malaise plus large
Au-delà de sa situation personnelle, le médecin établit un lien direct entre ces pratiques et les difficultés structurelles du CHT.
Ces méthodes participent directement aux difficultés actuelles du CHT
Ce constat rejoint des éléments déjà documentés : dépendance accrue aux contrats temporaires, rotation élevée des effectifs, difficultés de fidélisation. Dans ce contexte, toute décision perçue comme juridiquement contestable ou administrativement brutale pèse directement sur l’attractivité de l’établissement.
Elles découragent les médecins contractuels, aggravent la pénurie de personnel et fragilisent la continuité et la qualité des services médicaux proposés à la population
Continuité des soins : un enjeu directement impacté
La question dépasse le cadre administratif. La continuité du service public hospitalier, principe fondamental rappelé dans l’ensemble des textes sanitaires, repose sur la stabilité minimale des équipes médicales.
Chaque départ anticipé non anticipé entraîne :
– une réorganisation en urgence des plannings,
– un alourdissement de la charge de travail pour les équipes restantes,
– parfois une réduction temporaire de l’offre de soins.
Dans un hôpital déjà sous tension, ces déséquilibres ont des répercussions immédiates sur les patients.
Une administration hospitalière sous pression permanente
Il convient de rappeler que la direction du CHT opère dans un cadre contraint : déficit chronique, pression sur les urgences, exigences de continuité 24h/24. Toutefois, la gestion des ressources humaines médicales reste un levier central de stabilité.
Les règles encadrant les congés, suspensions de fonctions et ruptures contractuelles existent précisément pour éviter des décisions unilatérales aux conséquences lourdes.
Le praticien indique par ailleurs être en mesure de fournir des éléments chiffrés sur le coût réel des médecins contractuels pour le CHT, notamment les dépenses supplémentaires générées par certaines pratiques administratives. Il évoque également avoir été témoin, au cours de son contrat, d’une autre situation révélatrice de méthodes de gestion problématiques, sans lien direct avec son cas personnel, mais éclairant des pratiques plus larges.
Cette alerte pose une question simple mais essentielle : les pratiques administratives du CHT sont-elles pleinement conformes aux règles qu’elles sont censées appliquer ?
Dans un établissement déjà fragilisé par la pénurie médicale, chaque décision compte. Transparence, sécurité juridique et dialogue avec les praticiens ne relèvent pas du confort administratif, mais d’une condition minimale de survie du service public hospitalier.
L’affaire, si elle devait être examinée plus avant, pourrait bien dépasser le cadre individuel pour interroger un mode de gestion devenu structurellement problématique.

















