J’ai allumé les infos en me disant que ça irait vite.
Ça n’a pas été le cas.
J’ai appris que l’alcool serait encore rationné.
À partir de dimanche midi.
Jusqu’au 1er janvier.
Comme l’an dernier.
Comme après les émeutes.
Comme d’habitude maintenant.
J’ai entendu « prévenir les troubles à l’ordre public ».
J’ai compris « quatre litres de bière ».
Ou deux litres de vin.
Ou un litre d’alcool fort.
Par personne.
Par jour.
Pas plus.
J’ai pensé au réveillon.
J’ai pensé aux frigos.
J’ai pensé que les Calédoniens étaient devenus experts en calcul d’alcool.
J’ai appris qu’un conteneur avait brûlé.
Un algeco.
Des pneus.
Des palettes.
Un feu.
Une enquête.
Une piste criminelle.
Encore.
J’ai vu passer deux accidents.
Mont-Dore.
Boulouparis.
Pas de blessés.
Juste des bouchons.
Et de la pluie.
J’ai entendu parler d’un minimum dépressionnaire.
1005 hectopascals.
Du vent.
De la pluie.
Des orages.
Des rafales à 75 km/h.
J’ai compris que le temps serait à l’image de l’ambiance.
J’ai vu des familles à l’Aquarium.
Des tortues.
Des pontes.
La caouanne.
La grosse tête.
Un moment mignon.
Entre deux vigilances jaunes.
J’ai appris que les mangroves allaient mal.
Qu’elles protègent les côtes.
Qu’elles stockent le carbone.
Qu’elles disparaissent doucement.
Par manque de données.
Par excès d’humains.
Par habitude.
J’ai entendu qu’à Paris, des femmes avaient été attaquées.
Dans le métro.
Par un homme sous OQTF.
Déjà connu.
Déjà relâché.
Déjà trop tard.
J’ai appris que des policiers avaient été blessés.
Encore un refus d’obtempérer.
Encore une voiture volée.
Encore des vitres brisées.
J’ai vu une polémique sur l’école.
Un député.
Un conseil.
Des débats.
Toujours les mêmes mots.
Toujours les mêmes lignes.
J’ai entendu parler de guerre.
De paix.
De sommets.
De négociations.
Qui n’en sont pas vraiment.
J’ai fini avec du sport.
Des voiliers.
Des Calédoniens fatigués.
De la mer démontée.
Des vomissements.
Mais de la motivation.
J’ai éteint la télé.
J’ai regardé dehors.
Il pleuvait.
J’ai pensé que tout était cohérent.
Bref.

















