La réalité statistique finit toujours par rattraper les discours.
En novembre 2025, les chiffres du tourisme rappellent que la relance ne se décrète pas : elle se construit.
Une baisse nette en novembre qui brise l’euphorie
Les chiffres officiels publiés par l’Institut de la statistique de la Polynésie française (ISPF) sont sans ambiguïté : la fréquentation touristique recule de 5,4 % en novembre 2025, pour s’établir à 19 714 visiteurs.
Un signal clair, loin des narratifs enjolivés, qui rappelle que le tourisme reste structurellement vulnérable aux aléas économiques et géopolitiques.
Le recul est principalement alimenté par la chute des visiteurs en provenance d’Amérique du Nord (-12,8 %) et des autres pays européens (-12,2 %).
Les marchés du Pacifique, souvent présentés comme plus résilients, ne sont pas épargnés, avec -2,7 % sur un an.
Ces diminutions contribuent à hauteur de -8,3 points à l’évolution globale de la fréquentation, démontrant que la dépendance à certains bassins émetteurs reste un talon d’Achille stratégique.
Hébergement flottant : le maillon faible du mois
L’analyse sectorielle met en lumière un facteur précis : le net repli des touristes en hébergement flottant.
Croisières, plaisance touristique et séjours itinérants accusent le coup, exposant la fragilité des segments les plus sensibles aux arbitrages budgétaires des voyageurs.
Ce constat factuel rappelle une évidence souvent évacuée du débat public : le tourisme haut de gamme n’est pas un rempart automatique contre les crises.
Lorsque les incertitudes économiques s’installent, même les clientèles solvables adaptent leurs choix.
La baisse observée en novembre agit donc comme un révélateur, loin de toute dramatisation artificielle, mais aussi loin de l’autosatisfaction institutionnelle.
Une dynamique annuelle solide qui sauve le bilan
Sur les onze premiers mois de 2025, la fréquentation cumulée atteint 259 773 touristes, soit une hausse de 7,5 % par rapport à 2024.
Un chiffre qui confirme une tendance globalement positive sur l’année, malgré les à-coups mensuels.
Cette progression annuelle valide les efforts de repositionnement engagés, mais elle ne doit pas masquer la réalité du terrain : la reprise reste hétérogène, dépendante des marchés internationaux et encore exposée aux chocs exogènes.
Les données restent provisoires, la publication définitive étant attendue en janvier 2026, mais le message est déjà clair : le tourisme ne se pilote pas à coups de slogans ; il exige vision, stabilité et crédibilité économique.

















