La démographie n’est jamais neutre. Elle conditionne le pouvoir local, la représentation politique et la répartition de l’argent public.
Avec les nouvelles populations de référence, l’État remet les compteurs à zéro avant les municipales de 2026.
Des chiffres officiels qui s’imposent aux communes dès 2026
Le 18 décembre 2025, l’Insee a publié les populations de référence 2023, qui entreront en vigueur au 1er janvier 2026.
Ces données, authentifiées par un décret à paraître au Journal officiel, ont une portée juridique immédiate pour l’ensemble des collectivités territoriales.
Contrairement à une lecture purement statistique, la population municipale est un outil de gouvernance. Elle détermine les dotations de l’État, le nombre de conseillers municipaux, les conditions d’implantation des pharmacies, mais aussi l’intégration ou non dans une communauté d’agglomération.
La date de référence statistique est fixée au 1er janvier 2023, mais les chiffres sont appliqués dans les limites territoriales en vigueur au 1er janvier 2025.
Ce point est central, car il conditionne directement le scrutin municipal de 2026.
Les populations publiées concernent l’ensemble des niveaux administratifs existants à cette date : régions, départements, arrondissements, cantons et communes.
Les élus locaux devront s’y conformer, sans marge d’interprétation.
Municipales 2026 : un impact politique direct et assumé
La publication de 2025 revêt une importance particulière : elle fixe le nombre de conseillers municipaux à élire en 2026.
Autrement dit, la représentation démocratique locale repose désormais sur ces chiffres précis.
À partir des municipales de 2026, la loi du 21 mai 2025 étend le scrutin de liste proportionnel aux communes de moins de 1 000 habitants, avec une obligation de parité.
Un bouleversement majeur pour des milliers de communes rurales, longtemps gouvernées par des listes souples ou incomplètes.
Des dérogations subsistent toutefois : dans ces communes, une liste est considérée comme complète même avec jusqu’à deux candidats de moins que l’effectif théorique du conseil municipal.
Une souplesse assumée pour éviter l’asphyxie démocratique de la France rurale.
La population municipale reste le socle électoral : elle correspond aux personnes ayant leur résidence habituelle sur le territoire communal.
Ni les fantasmes militants ni les revendications idéologiques n’entrent en ligne de compte : seuls les faits comptent.
Crise démographique : les chiffres qui dérangent
Selon l’Insee, la France hors Mayotte compte 68 094 000 habitants au 1er janvier 2023.
La croissance se poursuit à un rythme comparable aux années précédentes : +0,39 % par an, soit 262 000 habitants supplémentaires chaque année.
Mais derrière cette stabilité apparente se cache une rupture silencieuse.
Pour la première fois à grande échelle, les décès dépassent les naissances dans une large partie du territoire.
Le solde naturel, longtemps moteur de la croissance française, s’effondre : il passe de +0,34 % par an entre 2012 et 2017 à +0,15 % entre 2017 et 2023.
Seuls les espaces urbains densément peuplés conservent un solde naturel nettement positif.
Cinq régions voient leur population stagner : les Hauts-de-France, le Grand Est, la Normandie, la Bourgogne-Franche-Comté et le Centre-Val de Loire.
Une France périphérique qui paie le prix de décennies de déséquilibres territoriaux.
L’Insee rappelle par ailleurs que les résultats des recensements rénovés ne sont comparables qu’à partir de cinq ans d’écart et exceptionnellement six ans pour le millésime 2023 en raison du report de l’enquête annuelle de recensement 2021, lié à la Covid-19.
Pour garantir la continuité statistique, l’Institut a adapté ses méthodes de calcul, conformément aux recommandations de l’Autorité de la statistique publique.
Depuis juin 2024, le terme de populations de référence remplace officiellement celui de populations légales.
Une clarification technique, mais aussi politique : la démographie n’est plus un sujet tabou ; c’est un levier stratégique de souveraineté locale.
















