Après les excès des fêtes, l’heure n’est plus aux discours lénifiants mais au retour au bon sens et à la responsabilité individuelle.
En Nouvelle-Calédonie, l’enjeu sanitaire de l’alcool ne peut plus être contourné par la complaisance ou la banalisation.
Dry January 2026 : une pause nécessaire face à une réalité sanitaire préoccupante
Pour la cinquième année consécutive, l’Agence sanitaire et sociale de la Nouvelle-Calédonie (ASSNC) relaie localement le Dry January, une initiative internationale fondée sur un principe clair : suspendre toute consommation d’alcool pendant le mois de janvier.
Loin des postures moralisatrices, cette opération assume une approche pragmatique et responsabilisante. En Nouvelle-Calédonie, la consommation d’alcool reste structurellement ancrée dans les pratiques sociales, festives et culturelles. Mais lorsque l’excès devient la norme, les conséquences sont mesurables, documentées et coûteuses, tant sur le plan humain que collectif.
Le dernier Baromètre santé 2022 est sans ambiguïté.
59 % de la population consomme actuellement de l’alcool, un chiffre stable depuis 2015.
Les hommes sont nettement plus concernés que les femmes (70 % contre 49 %).
17 % des Calédoniens présentent un usage problématique, avec un pic inquiétant chez les 18-24 ans (23 %).
Plus grave encore, 18 % déclarent être montés dans un véhicule conduit par une personne alcoolisée, et 16 % reconnaissent avoir conduit sous l’emprise de l’alcool dans le mois précédant l’enquête. Des chiffres qui rappellent que l’alcool n’est pas un simple choix individuel : il engage la sécurité collective.
Un mois pour mesurer les effets réels de l’alcool sur le corps et l’esprit
Le Dry January ne repose ni sur la culpabilisation ni sur la victimisation. Il propose une expérience concrète, limitée dans le temps, pour observer lucidement l’impact réel de l’alcool sur le quotidien.
Les bénéfices sont largement documentés par la recherche scientifique.
En 2018, une étude menée par le Dr Richard de Visser, psychologue à l’université du Sussex, auprès de 800 participants au Dry January, publiée dans le British Medical Journal, démontre des effets mesurables dès un mois d’abstinence.
Les résultats parlent d’eux-mêmes : 93 % se sentent mieux dans leur peau, 80 % estiment avoir repris le contrôle de leur consommation, 71 % comprennent qu’il n’est pas nécessaire de boire pour s’amuser.
Sur le plan physiologique, les bénéfices sont multiples et rapides : baisse de la tension artérielle, diminution du cholestérol, réduction du risque de diabète, perte de poids liée à la baisse des calories ingérées, amélioration nette du sommeil.
Contrairement aux idées reçues, l’alcool perturbe profondément les cycles du sommeil. Selon les spécialistes, s’il accélère l’endormissement, il dégrade la récupération nocturne, favorise les réveils précoces et altère la concentration jusqu’à 48 heures après la consommation.
La pause alcool permet également :
• une meilleure concentration au travail,
• une peau moins déshydratée,
• un estomac moins agressé,
• des séances de sport plus efficaces,
• une meilleure résistance aux infections.
À ces bénéfices sanitaires s’ajoute un facteur rarement mis en avant mais pourtant décisif : les économies financières, dans un contexte de pouvoir d’achat sous tension.
Prévenir sans infantiliser : l’approche assumée de l’ASSNC
Pour l’édition 2026, l’ASSNC déploie une campagne de prévention grand public diffusée du 29 décembre 2025 au 31 janvier 2026, sur les réseaux sociaux, à la radio et au cinéma. Le message est volontairement centré sur les paradoxes de la consommation d’alcool, sans discours larmoyant.
L’objectif n’est pas l’abstinence permanente imposée, mais la modération choisie et maîtrisée, fondée sur des repères clairs :
• pas plus de 2 verres par jour,
• pas plus de 10 verres par semaine,
• des jours sans alcool chaque semaine.
Parallèlement, l’ASSNC agit toute l’année à travers des dispositifs d’accompagnement concrets, accessibles et gratuits.
Le programme DECLIC, destiné aux jeunes de moins de 25 ans et à leurs familles, propose des consultations anonymes sur l’ensemble du territoire : Koné, Koumac, Poindimié, Houaïlou, Bourail, La Foa, Païta, Mont-Dore, Dumbéa et Nouméa.
En Province Nord, le dispositif DRAA accompagne les personnes dès 16 ans confrontées à des comportements addictifs, sans stigmatisation mais sans déni.
Les chiffres montrent que l’expérimentation de l’alcool commence tôt, avec un âge moyen du premier verre à 17,4 ans, plus précoce chez les hommes. Là encore, le Dry January agit comme un outil de prise de conscience, notamment pour les jeunes générations.
En Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, la santé publique ne progresse pas par le déni, mais par la responsabilité, la clarté des chiffres et le refus de la complaisance. Le Dry January s’inscrit dans cette logique : reprendre le contrôle, sans excuses ni faux-semblants.
















