La mangrove n’a que faire des slogans et des postures moralisatrices.
Dans le Pacifique français, les faits scientifiques s’imposent et appellent des décisions fermes, loin de l’idéologie verte hors-sol.
Une évaluation scientifique sans complaisance face aux discours idéologiques
Pendant que certains préfèrent l’idéologie verte hors-sol, les faits scientifiques rappellent une réalité brutale. Dans le Pacifique français, les mangroves reculent sous l’effet combiné des choix humains et des contraintes naturelles. Cette réalité n’est plus contestable depuis la publication de la Liste rouge des écosystèmes en France, fondée sur la méthodologie internationale de l’UICN.
Pour la première fois, les mangroves de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna ont été évaluées selon des critères rigoureux, validés par des experts indépendants mobilisés par le Comité français de l’UICN, l’Office français de la biodiversité et le Muséum national d’Histoire naturelle. Le constat est clair, documenté, sans militantisme ni slogan.
Les mangroves de Wallis sont classées « en danger critique », tandis que celles de Nouvelle-Calédonie sont jugées « vulnérables », avec un risque réel de basculement vers une catégorie de menace supérieure. Cette évaluation repose sur des données scientifiques, non sur des émotions. Elle met fin à toute tentative de minimisation ou de récupération idéologique.
En Nouvelle-Calédonie, l’urbanisation constitue la pression principale. Remblaiements, pollutions et artificialisation du littoral ont déjà entraîné des pertes importantes de surfaces, et la pression demeure bien réelle. À Wallis, la situation est encore plus préoccupante. Les mangroves y sont confinées en étroites franges côtières, sur une île basse ceinturée par une route, empêchant toute extension naturelle vers l’intérieur des terres. La moindre tempête ou l’élévation du niveau marin devient alors un facteur de risque majeur.
Des écosystèmes stratégiques, au cœur de la souveraineté environnementale
Réduire la mangrove à une simple question de biodiversité serait une erreur stratégique. Ces écosystèmes jouent un rôle central dans la protection des territoires et des populations. Ils assurent le stockage du carbone, limitent l’érosion côtière, atténuent les effets des tempêtes et de la submersion marine, et filtrent naturellement les eaux littorales.
Les fragiliser, c’est exposer directement les infrastructures, les zones urbaines et les habitants. Dans les territoires insulaires français du Pacifique, cette réalité devrait relever du bon sens le plus élémentaire. Protéger la mangrove n’est ni un luxe ni un caprice écologiste, mais une nécessité pragmatique de résilience territoriale.
L’étude de l’UICN souligne également un point trop souvent ignoré : plusieurs critères n’ont pu être évalués, faute de données suffisantes sur le long terme. Cet angle mort impose de renforcer les programmes de suivi scientifique et de connaissance, sans dogmatisme ni posture militante. Là encore, la réponse passe par la rigueur, non par l’agitation.
À l’horizon 2030, les surfaces des mangroves de la province Sud auront été conservées, voire augmentées, leur fonctionnement préservé, voire amélioré, et leurs usages gérés durablement, en concertation avec l’ensemble des parties prenantes. Cette ambition repose sur une vision claire : assumer l’autorité publique et la responsabilité collective.
Un plan d’action mangrove concret, loin de l’écologie de façade
La préservation efficace et durable de la mangrove, à la frontière des compétences provinciales et municipales, nécessite une implication de l’ensemble des parties prenantes, en lien avec les usagers de proximité. C’est dans cet esprit que la province Sud a élaboré un Plan d’action mangrove (PAM), formalisé le 30 avril 2024 par la signature d’une convention-cadre de partenariat.
Cette convention associe la province Sud, les communes de Nouméa, Dumbéa, Païta et du Mont-Dore, ainsi que l’Université de la Nouvelle-Calédonie. Les objectifs sont clairs et opérationnels : partage des informations sur les rôles de la mangrove et les réglementations, sensibilisation des citoyens et des élus, diagnostics socio-environnementaux rigoureux, réduction des pressions anthropiques et anticipation des effets du changement climatique.
Un comité de suivi semestriel permet d’évaluer les projets en cours et d’éviter toute dérive bureaucratique ou idéologique. Ici, l’écologie se mesure et se pilote.
Sur le terrain, les actions parlent d’elles-mêmes. À Ouémo, avec l’appui de l’Office français de la biodiversité, de l’Université de la Nouvelle-Calédonie, de la Ville de Nouméa, de l’OPT et de l’association SOS Mangroves, les digues de Radio-État ont été supprimées. Leur enlèvement permettra un retour progressif vers un état plus originel et plus résilient, avec la réhabilitation de 4 400 m² de mangrove, par régénération naturelle et plantations encadrées.
Des capteurs de suivi de l’hydrodynamisme et une cartographie LIDAR à très haute résolution garantissent un suivi scientifique précis. À Rivière Salée, enclave urbaine lourdement anthropisée, près de 70 % de la surface de mangrove a disparu en 60 ans. Avant les exactions de mai 2024, des diagnostics et travaux étaient programmés. Le diagnostic socio-environnemental engagé en mars 2024 a toutefois dû être suspendu, rappelant que le désordre social a aussi un coût écologique.
À Sainte-Marie, des opérations d’amélioration de l’hydrodynamisme ont été menées, tandis qu’à La Coulée, près de 10 000 palétuviers sont en cours de plantation avec l’appui des associations Caledoclean et SOS Mangroves. À Païta, sur le site très dégradé d’Ondémia, les enjeux nécessitent une coordination forte, notamment face aux risques d’inondation.
Enfin, sur les traits de côte de Nouméa et du Mont-Dore, des projets de consolidation de cordons de mangroves sont engagés avec le programme PEBACC+, afin d’atténuer les effets du changement climatique de manière concrète et mesurable.
Cette évaluation scientifique met les responsables publics face à leurs responsabilités. Protéger les mangroves du Pacifique français n’est pas un choix idéologique, mais un impératif stratégique. Les faits sont établis. Agir avec lucidité n’est plus une option.















