Deux dates se croisent, deux mémoires s’embrassent : 1945, la capitulation du Japon. 2025, l’hommage de la Nation.
La Nouvelle-Calédonie, bastion oublié du Pacifique, retrouve la place qu’elle mérite dans l’Histoire de France.
La Nouvelle-Calédonie au cœur du 80e anniversaire de la Victoire
Ce mardi 2 septembre 2025, une cérémonie solennelle se tient à 8 h, place Bir Hakeim, à Nouméa. Elle marque la clôture du cycle national du 80e anniversaire de la Libération, des débarquements et de la Victoire. Ce choix n’est pas un hasard. Le 2 septembre 1945, sur le cuirassé américain USS Missouri, le Japon signe sa reddition devant le général Douglas MacArthur, l’amiral Nimitz, l’amiral Fraser et le général Leclerc pour la France.
À travers cet événement, la République rappelle que la Nouvelle-Calédonie fut une base arrière stratégique sans laquelle la guerre dans le Pacifique n’aurait pas eu le même visage. Loin des commémorations routinières, le message est clair : la France n’oublie pas ses alliés ni ses propres soldats, où qu’ils aient combattu.
Quand Nouméa devint le second port du Pacifique
Le 12 mars 1942, la Poppy Force débarque sur le Caillou. En quelques semaines, 17 000 GI’s s’installent. Avec ses 11 000 habitants, Nouméa voit sa population tripler brutalement. Routes, aérodromes, dépôts, hôpitaux : la Grande Terre se transforme en une gigantesque machine de guerre.
La rade de Nouméa devient le deuxième port du Pacifique après San Francisco, accueillant jusqu’à 118 navires en octobre 1942. Six cuirassés y transitent début 1943. Les Liberty Ships, produits à la chaîne, débarquent hommes, vivres, munitions. Pendant trois ans, près d’un million de soldats américains passent par la Nouvelle-Calédonie. Ce territoire français devient la plus grande base militaire américaine du Pacifique Sud.
Les Américains construisent seize aérodromes, développent le réseau routier, installent des réseaux électriques et des circuits d’eau potable. Ils laissent derrière eux un patrimoine matériel considérable, mais aussi un impact humain : des hôpitaux, des loisirs, du travail rémunéré à bon prix. Les Calédoniens découvrent de nouveaux métiers, un dynamisme économique et une modernité inédite.
Lumières et ombres d’une histoire
La guerre, c’est aussi son lot de blessures. Le 8 décembre 1941, le gouverneur Sautot fait arrêter 1 100 Japonais vivant sur le territoire. Déportés en Australie par convois successifs, leurs familles sont brisées, leurs biens saisis ou vendus aux enchères. Une page douloureuse, souvent passée sous silence.
Mais l’Histoire n’est pas que souffrance. Des liens se tissent entre soldats et habitants. Des bals, des cinémas, des matches de boxe rythment Nouméa. Des Calédoniennes épousent des GI’s. L’île devient à la fois base militaire et lieu de vie. Les terres agricoles sont dynamisées, les techniques modernisées, et l’économie locale profite de cette manne.
La cérémonie du 2 septembre 2025 ne sera pas qu’un rappel historique. Elle portera une leçon politique : la liberté s’arrache par le combat, pas par la victimisation. La présence américaine en Nouvelle-Calédonie, l’engagement du général Leclerc, la détermination du général de Gaulle rappellent que l’avenir se construit par le courage et l’unité.
La Nouvelle-Calédonie fut un verrou stratégique pour protéger l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui encore, cette position géopolitique demeure cruciale. Lier mémoire et présent, c’est affirmer que le Caillou est une pièce maîtresse de la souveraineté française dans le Pacifique.
En honorant les héros de 1945, la République assume une évidence : la France est et doit rester une puissance dans cette région du monde.