À Nouméa, du 1er au 16 novembre 2025, la FFESSM-NC la Fédération Française d’Études et de Sports Sous-marins de Nouvelle-Calédonie, passe d’un discours généreux à une politique concrète : elle souhaite créer, ici, une filière handi-accessible pérenne. Pendant quinze jours, ils formeront des encadrants, qualifieront des formateurs, ouvriront des créneaux de baptêmes en piscine, en plage et en bateau. Le pari est simple : arrêter d’improviser, structurer. Et tenir dans la durée.
Une réponse calédonienne à angle mort
On connaissait l’enthousiasme local pour la plongée ; on connaissait moins son angle mort : l’absence d’une filière structurée pour les personnes en situation de handicap. Pendant des années, de bonnes volontés ont tenté des expériences isolées. Très bien pour la communication, insuffisant pour la sécurité, la formation et la continuité. Ce programme de novembre change l’échelle : trois spécialistes d’HandiSub (métropole) viennent sur place pour certifier des encadrants et former des formateurs. Une fois le socle posé, la Nouvelle-Calédonie devient autonome. C’est la différence entre un événement ponctuel et une capacité publique durable.
Le projet est venu d’un constat : en Nouvelle-Calédonie, jusqu’à présent, il n’était pas possible d’inclure dans la pratique de la plongée les personnes en situation de handicap… On va pouvoir bénéficier de l’expérience française pour créer ici tout ce dont on a besoin et être réellement autonomes à partir du 16 novembre
confirme Amandine Aupetit, présidente de la Fédération de plongée sous-marine en NC. En d’autres termes, on ne “fait” pas un joli rendez-vous d’initiation, on institue une compétence.
Une méthode assumée : sécurité, adaptation, plaisir
L’approche n’est pas caritative, elle est professionnelle. D’abord un avis médical auprès d’un médecin fédéral, ensuite une mise à l’eau progressive, enfin un retour d’expérience pour ajuster. L’objectif n’est pas de prouver qu’“on peut tout faire”, mais de choisir le bon cadre : piscine (Magenta ou Ouen Toro selon les aménagements), plage (Baie des Citrons, accès facilité), ou sortie lagon avec le bateau fédéral. Les profils visés sont larges, les handicaps moteurs (amputation, para/tétra/hémiplégies), sensoriels (déficits visuels), cognitifs et psychiques, parce que l’outil est pensé pour s’adapter. Ce n’est pas la personne qui se plie à la discipline, c’est la discipline qui s’ajuste à la personne.
Une personne qui a subi une amputation, une personne paraplégique, voire certaines personnes tétraplégiques ou hémiplégiques sont susceptibles, sous conditions, d’être mises à l’eau et de plonger… On a des plongeurs qui sont aveugles ou déficients visuels : ce sont des gens qui développent des sensations particulières dans l’eau.
rétorque Claude, en charge de la commision médicale de la FFESSM-NC. Deux boussoles guident la manœuvre : sécurité et plaisir. La première pour la confiance, le second pour l’adhésion. Sans plaisir, pas d’habitude ; sans habitude, pas de filière. Avec la méthode, il faut un collectif pour tenir la longueur.
Le collectif, enfin organisé
On ne bâtit pas une filière sur deux héros fatigués. Ici, le vivier existe : une vingtaine d’encadrants bénévoles d’apnée et de scaphandre se sont déjà portés volontaires pour ajouter la compétence HandiSub. C’est la masse critique qui manquait. Autour d’eux, des partenaires publics ont répondu vite et fort : l’État, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie, la Ville de Nouméa (accès aux piscines, dispositifs type tiralo), sans oublier le Collectif Handicap pour le lien avec les associations. Ajoutez un mécénat ouvert, des entreprises et clubs qui offrent des facilités logistiques (gonflage, créneaux, matériel) et vous tenez un modèle sobre financièrement, mais solide opérationnellement.
Quand on a ouvert les inscriptions en disant qui voudrait être formé comme encadrant Andy Sub, ça a été quasiment l’afflux… On est vraiment une vingtaine à être motivés pour ce projet-là, et ça fait déjà plus d’un an qu’on fait des réunions, tout le monde est toujours là
Le message implicite est clair : quand les institutions sécurisent le cadre, le bénévolat redevient une force, pas une rustine. Encore faut-il que le public s’en empare.
Ce que feront concrètement les participants
Le dispositif privilégie les baptêmes pour accueillir largement. Le participant choisit son milieu (piscine / plage / bateau) avec l’équipe, en fonction de son confort et du feu vert médical. Le matériel est adapté, la séance est encadrée, la progression graduée. On vise le déclic : découvrir la flottabilité, la respiration, le calme sous l’eau. La réussite n’est pas un record ; c’est un retour avec l’envie de revenir. L’après-novembre est déjà prévu : les encadrants formés poursuivront des créneaux réguliers, la filière locale formera à son tour de nouveaux encadrants.
Il ne faut pas hésiter, il faut venir : la plongée sous-marine, c’est une activité merveilleuse autant pour l’esprit que pour le corps… Ça procure un bien-être qu’on peut difficilement imaginer tant qu’on ne l’a pas vécu : ça vaut le coup d’essayer, vraiment.
Pour participer, la porte d’entrée est unique et lisible.
Mode d’emploi en cinq lignes
- Période : 1er–16 novembre 2025 (plusieurs journées d’accueil, pic attendu le dimanche final).
- Lieux : piscine de Magenta ou Ouen Toro (à confirmer selon aménagements), Baie des Citrons, sorties lagon en bateau FFESSM.
- Public : tous handicaps potentiels, après avis médical fédéral.
- Format : baptêmes et initiations, adaptation au cas par cas.
- Contact unique : [email protected] (particuliers et associations).
Au-delà de Nouméa, ce socle peut rayonner.
Une opportunité régionale
Les Antilles (et très probablement La Réunion) ont déjà intégré HandiSub. Le Pacifique francophone peut désormais tisser sa propre chaîne : formateurs sur place, trajets réduits, coûts maîtrisés, entraide régionale. La Polynésie n’est peut-être qu’à une formation de basculer, et la Nouvelle-Calédonie a l’occasion d’assumer un rôle de pionnier raisonnable : d’abord consolider chez soi, ensuite essaimer.
Reste la question qui fâche – la durée.
Tenir la promesse dans le temps
Tenir, c’est prévoir l’après. Ici, le plan existe :
- une qualification locale (encadrants + formateurs) pour éviter la dépendance extérieure ;
- un réseau d’associations pour l’orientation des publics ;
- un calendrier récurrent d’initiations et de perfectionnements ;
- une gouvernance légère mais réelle (commission médicale, coordination des clubs) ;
- un financement mixte : subventions d’amorçage + mécénat opérationnel (plutôt en nature qu’en cash).
Bref : un service sportif et social, pas une opé de communication.
Le lagon calédonien n’a pas besoin de grands mots ; il a besoin d’ouvertures réelles. Cette quinzaine ne promet pas l’impossible : elle installe une capacité locale qui manquait. À celles et ceux qui hésitent : il n’y a pas de “profil idéal”, il y a un cadre fait pour vous accueillir. Le plus court chemin, c’est un mail : [email protected]. À partir de là, on vous répond, on vous oriente, et, si tout est réuni, on vous immerge.