Les Français n’en peuvent plus de l’impunité ressentie. Pendant que la criminalité prospère, la justice donne trop souvent l’image d’une machine lente, illisible, incapable de protéger les honnêtes citoyens.
Le Sénat tire la sonnette d’alarme : il est temps de redonner du sens à la peine et de briser le cycle d’une justice défaillante.
Redonner du sens à la sanction pénale
La mission sénatoriale dresse un constat glaçant : la justice pénale française est illisible, minée par des aménagements automatiques et des délais interminables. Résultat : la sanction prononcée n’a plus grand-chose à voir avec la peine réellement exécutée. Ce décalage nourrit le sentiment d’une justice faible et laxiste.
Pour y remédier, les sénateurs réclament la fin du caractère obligatoire des aménagements de peine pour les courtes peines. Le juge doit retrouver toute sa latitude : décider en fonction de la personnalité du condamné, et non subir une mécanique bureaucratique.
Autre proposition choc : rétablir les très courtes peines de prison, inférieures à un mois, supprimées en 2019. Objectif : créer un choc carcéral immédiat, rapide et dissuasif, sans couper les attaches sociales ou professionnelles. À l’heure où l’insécurité explose, il s’agit d’un signal fort envoyé aux délinquants.
Enfin, le Sénat insiste sur la nécessité d’une meilleure individualisation des peines : connaître le profil du condamné dès l’audience, éviter les affectations absurdes en prison, et développer des établissements spécialisés pour les profils les plus dangereux.
Surpopulation carcérale : assez des demi-mesures
Au 5 juin 2025, la France comptait 84 363 détenus pour 62 566 places. Plus de 5 000 prisonniers dorment sur des matelas à même le sol. La promesse présidentielle du « plan 15 000 » (création de places de prison) doit être tenue sans délai, préviennent les sénateurs. Mais même ce plan s’annonce déjà insuffisant face à l’explosion de la délinquance.
Le Sénat dénonce les effets pervers de la libération sous contrainte automatique, véritable machine à fabriquer de la récidive et à dévoyer le sens de la peine. Les rapporteurs exigent sa suppression et prônent un retour à une logique méritocratique : la libération ne doit intervenir que pour les détenus qui prouvent leur bonne conduite et leurs efforts de réinsertion.
La mission propose aussi la création d’une peine autonome de probation : une alternative crédible, avec contrôles stricts et sanction immédiate en cas de non-respect. Une solution claire pour éviter l’impasse actuelle : des prisons saturées et des alternatives inefficaces.
Réinsertion oui, mais jamais au détriment de la sécurité
Le rapport sénatorial ne tombe pas dans l’angélisme : la réinsertion doit redevenir une priorité, mais jamais au détriment de la sécurité des Français. Les moyens alloués aux services pénitentiaires d’insertion et de probation (SPIP) sont aujourd’hui dérisoires. Avec plus de 100 dossiers par conseiller, le suivi des condamnés relève de la fiction. Le Sénat exige un retour aux standards européens : 60 dossiers par conseiller et un véritable travail de suivi, y compris en amont de la condamnation, pour que la peine soit adaptée et crédible.
Autre défi : les peines alternatives comme le travail d’intérêt général ou la détention à domicile sous bracelet électronique. Trop lentes, trop légères, trop mal contrôlées, elles sont jugées peu crédibles par les magistrats comme par les citoyens. Le Sénat veut leur redonner un contenu exigeant et immédiat : obligations strictes, contrôle réel, sanction instantanée en cas de manquement.
Enfin, la prise en charge des mineurs délinquants doit être repensée. Les centres éducatifs fermés, détournés de leur mission, ne peuvent devenir des parkings pour jeunes multirécidivistes. Les sénateurs exigent un recentrage clair : réserver ces structures aux profils les plus enracinés dans la délinquance et renforcer les alternatives éducatives pour les autres, sans naïveté mais avec fermeté.
Ce rapport sénatorial sonne comme une gifle à la complaisance qui gangrène la justice française. Les citoyens réclament des sanctions visibles, rapides et exécutées. La sécurité de la Nation ne peut plus être sacrifiée sur l’autel de l’idéologie laxiste.
Le Sénat trace une feuille de route claire : plus de places de prison, des peines courtes et fermes, une probation crédible, la fin des libérations automatiques. Bref, redonner à la France une justice digne de ce nom : respectueuse des victimes et ferme avec les délinquants.