Vingt-six jours à peine après son arrivée à Matignon, Sébastien Lecornu dévoile enfin son gouvernement.
Mais la droite grince des dents : la « rupture » promise semble déjà compromise.
Une « rupture » promise, mais déjà trahie
À peine vingt-six jours après son installation à Matignon, Sébastien Lecornu a présenté ce dimanche 5 octobre sa première salve de ministres. Sur le papier, un attelage de compromis. Dans les faits, une désillusion profonde pour une partie de la droite.
Bruno Retailleau, chef des Républicains, n’a pas mâché ses mots :
La composition du gouvernement ne reflète pas la rupture promise.
Une phrase lourde de sens, alors même que l’intéressé a accepté de rester au sein de l’exécutif.
Car si le nouveau gouvernement compte quatre ministres issus de LR sur dix-huit, la présence de figures macronistes comme Bruno Le Maire ou Gérald Darmanin irrite profondément les troupes. Le message est clair : la continuité l’a emporté sur la cohérence.
Un proche du président des Républicains résume la colère :
Bruno Le Maire, c’est l’incarnation des pires échecs du macronisme : explosion de la dette, impôts cachés, déni de réalité. Cette composition reflète davantage les échecs des huit dernières années que le nécessaire redressement du pays.
Les Républicains, entre fidélité et fracture
La droite se retrouve aujourd’hui éclatée entre deux visions : celle d’une participation au pouvoir, au risque d’être avalée par le macronisme, et celle d’une indépendance ferme face à l’exécutif.
Le maire de Cannes, David Lisnard, l’a dit sans détour sur X :
Si cette participation au gouvernement est confirmée demain, je ne continuerai qu’avec Nouvelle Énergie.
Un avertissement à peine voilé au patron du parti. Car chez LR, les lignes bougent dangereusement. Certains y voient une trahison de l’esprit gaulliste, d’autres une tentative pragmatique d’influencer la politique nationale de l’intérieur. Mais le calcul paraît risqué : l’opinion de droite, elle, reste profondément méfiante vis-à-vis du macronisme.
Le comité stratégique de lundi matin promet d’être électrique. Entre partisans du dialogue et défenseurs d’une droite sans compromis, le fossé idéologique se creuse. La promesse de « rupture » tourne à la crise de confiance.
Lecornu sous pression : l’équilibre impossible
Pour Sébastien Lecornu, l’équation est redoutable. Le Premier ministre, censé incarner le renouveau du centre droit, se retrouve déjà pris en étau entre l’Élysée et l’opposition interne.
D’un côté, Emmanuel Macron exige loyauté et stabilité. De l’autre, les Républicains attendent des actes forts sur la sécurité, les finances publiques et l’autorité de l’État.
Mais pour l’heure, les signaux envoyés déçoivent. La reconduction de Bruno Le Maire à Bercy passe mal, tout comme la présence de Darmanin à la Justice. Deux symboles d’un macronisme technocratique et fatigué, que la droite voulait précisément tourner.
Les attentes étaient grandes, la déception est à la hauteur. Dans les rangs de LR, on parle déjà d’un « recyclage politique », voire d’un piège tendu à la droite pour mieux la neutraliser.
Face à la défiance, le nouveau Premier ministre devra trancher : gouverner avec la droite ou simplement l’utiliser comme caution morale. Une chose est sûre : la bataille pour l’identité de la droite française ne fait que commencer.