J’ai allumé la radio ce matin.
Ils disaient qu’on n’avait toujours pas de gouvernement.
Enfin si…mais pas vraiment. Lecornu est parti. Puis revenu.
Comme un ex qui s’accroche à la France.
Le Premier ministre a parlé de “sens du devoir”.
Moi, j’appelle ça un “recyclage républicain”.
Un reboot d’élite pour un système à bout de souffle.
À force de changer les têtes, on a oublié de changer la direction.
À Paris, les plateaux ont explosé.
Les socialistes ont geint, les Insoumis ont vociféré.
La droite a tenté d’exister entre deux indignations.
Bardella a crié “honte démocratique”.
Et pour une fois, ce n’était pas exagéré.
Marine Tondelier s’est dite “abasourdie”.
Moi aussi, mais pas pour les mêmes raisons.
Elle découvre que la politique, ce n’est pas un concours de morale,
mais un jeu de pouvoir. Et qu’elle y joue mal.
Tout le monde a dit qu’on allait droit dans le mur.
Mais ça fait trente ans qu’on a coupé le moteur.
Et qu’on continue à pédaler dans le vide.
En Nouvelle-Calédonie, on a levé un sourcil.
Lecornu, au moins, connaît le dossier.
Ici, le premier des ministres qui sait placer Nouméa sur la carte,
c’est déjà un miracle d’État.
Les élus ont dit “tant mieux”.
Ils ont même remercié le destin — chose rare, en politique.
Le Sénat, lui, prépare le report des élections provinciales.
Apparemment c’est urgent.
Tellement urgent qu’on le fait sans gouvernement stable.
Mais en France, l’instabilité, c’est devenu un art national.
Les “affaires courantes”, c’est tout ce qu’on sait encore gérer.
Metzdorf a dit que c’était “fondamental”.
Backès a tweeté “un pas après l’autre”.
Ruffenach a parlé d’un “accord à protéger”.
Des mots, des phrases, des postures.
Personne n’a vraiment compris, mais tout le monde a hoché la tête.
C’est la liturgie du vide.
Pendant qu’ils bavardent, ailleurs, le monde bouge.
En Australie, on arrête huit types avec un milliard de francs de cannabis.
À Nouméa, des mamies jouent au loto pour la Semaine bleue.
Au Racing, des femmes transpirent pour Octobre Rose.
Bref, la France qui agit n’attend plus la France qui gouverne.
À Moindou, on regarde les roussettes s’envoler.
À Païta, on prépare la fête du bœuf.
Pendant ce temps, à Paris, on prépare un autre rodéo :
celui des motions de censure.
Toujours les mêmes chevaux, toujours les mêmes cavaliers.
Ici, on a appris à vivre sans eux.
À bosser pendant qu’ils débattent.
À se lever pendant qu’ils tweetent.
À reconstruire pendant qu’ils s’autocongratulent.
La France périphérique a cessé d’attendre l’État.
Elle avance seule, avec dignité.
Parce que Lecornu, démissionnaire ou reconduit,
ça ne change rien.
C’est juste un type à Paris qui dit qu’il nous comprend.
Et nous, on continue à tracer notre route.
Sans illusion, mais sans haine.
Parce qu’au fond, le pays réel, lui, n’a jamais cessé d’exister.
Bref.
La France d’en bas s’en sort toujours mieux sans ceux d’en haut.