TRIBUNE : La Justice a parlé. L’on s’incline devant ce fait. Nul homme, fût-il au sommet de l’État, ne doit s’imaginer au-dessus de la Loi qui est l’expression de la Souveraineté nationale. C’est un principe de la République qui n’est pas négociable.
Mais il est une vérité plus haute que la sentence elle-même, et qui touche à la dignité de la France. Quand l’un de ceux qui a tenu entre ses mains le destin de la Nation est ainsi frappé, il ne s’agit plus seulement d’une affaire judiciaire : c’est un événement qui nous oblige tous à la solennité.
L’on ne peut confondre la justice qui se rend et la vengeance qui s’affiche. La Justice doit être servie par l’impartialité et la sobriété. Quand elle s’entoure d’un tumulte médiatique, quand l’instruction s’étire en longueurs démesurées qui nourrissent le soupçon plus que la preuve, l’on est en droit de douter que l’intérêt de la France soit au premier plan.
La République ne s’honore pas en abaissant ses anciens serviteurs. Le Président de la République incarne la France dans sa continuité et sa grandeur. Le traiter comme un délinquant ordinaire, le livrer au spectacle, c’est entamer la fonction elle-même. C’est donner l’image d’un pays qui, par faction ou par passion, se déchire contre ceux qui l’ont représenté.
L’État ne se construit pas sur l’humiliation. Il repose sur le respect de sa propre autorité.
Que l’ancien Président réponde de ses actes, cela est juste. Mais que la France, par la voie de sa Justice, veille à ce que ce moment ne se mue pas en procès politique ou en ajustement de comptes. Car en perdant la mesure, c’est l’âme de ses institutions qu’elle risque d’y enfermer.
La Justice, lorsqu’elle manque de hauteur, ne grandit personne. Elle ne fait que creuser la fracture au sein de la Nation et affaiblit l’idée que le peuple se fait de l’État.
Il nous faut rappeler, en ce moment de gravité, que la France se relèvera par son esprit et sa capacité à se montrer digne des responsabilités qu’elle confie. C’est à cela que l’on reconnaît la Nation, et non aux clameurs de ceux qui croient triompher par la seule déchéance d’un homme.
La France est au-dessus des personnes. C’est à cette seule condition qu’elle peut demeurer la France.