Par pragmatisme économique, le gouvernement local assume une mise à jour tarifaire jugée nécessaire pour sécuriser le réseau numérique du territoire. Une réforme de fond, assumée et cohérente avec la défense des intérêts calédoniens.
Une réforme assumée pour protéger le modèle économique calédonien
Lors de sa séance de collégialité du 15 octobre 2025, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a validé un arrêté révisant les offres du réseau fédérateur géré par l’OPT-NC. Cette réforme, à la fois technique et économique, s’inscrit dans la continuité d’une politique de responsabilité budgétaire et de souveraineté numérique.
Depuis plusieurs années, l’OPT-NC s’efforce de trouver un équilibre entre la modernisation des infrastructures et le maintien d’une offre locale compétitive. Le réseau fédérateur, véritable colonne vertébrale de l’Internet calédonien, assure la collecte haut débit (COL) et le trafic réseau fédérateur (TRF), indispensables aux fournisseurs d’accès et de services Internet du territoire.
En décembre 2024, une première refonte tarifaire avait déjà rééquilibré la valeur entre la bande passante et l’accès réseau, dans l’objectif de valoriser les investissements dans la fibre optique GPON. Cette logique de réalisme économique est désormais prolongée, avec des ajustements ciblés destinés à clarifier les grilles tarifaires et à prévenir les dérives commerciales.
Des offres rationalisées et tournées vers la performance
L’OPT-NC met fin à la commercialisation des offres bas débit (10 et 50 Mb/s), devenues obsolètes dans un contexte où les usages explosent. À la place, les nouveaux paliers valorisent la montée en puissance jusqu’à 10 Gb/s, tout en garantissant la cohérence tarifaire entre les différentes composantes du réseau.
Ainsi, l’offre TRF se stabilise à 100 000 francs HT pour 1 Gb/s et à 170 000 francs HT jusqu’à 10 Gb/s, renforçant la compétitivité tout en maintenant une rentabilité soutenable.
L’offre « réseau fédérateur secours », alignée sur cette grille, assure une continuité de service aux acteurs économiques et institutionnels qui ne peuvent se permettre la moindre coupure.
Mais c’est surtout sur l’offre de collecte haut débit que l’effort est le plus marqué. Le forfait initial s’élève désormais à 930 000 francs HT pour 1 Gb/s, un tarif plus élevé, certes, mais justifié par la prise en charge intégrale du TRF et par la sécurisation d’un réseau stratégique pour tout le territoire.
Le message est clair : l’ère du tout-illimité bradé touche à sa fin, au profit d’un Internet robuste, souverain et adapté aux réalités insulaires.
Une vision à long terme pour un territoire connecté et indépendant
Face à la concurrence potentielle de câbles privés internationaux, la Nouvelle-Calédonie n’a pas choisi la fuite en avant, mais la maîtrise de son destin numérique. Par cet arrêté, le gouvernement local acte un changement de paradigme : privilégier la pérennité du service public et la valeur des infrastructures plutôt qu’un dumping technologique sans lendemain.
Cette réforme s’inscrit dans une stratégie de résilience : renforcer les recettes du réseau fédérateur, fiabiliser les investissements dans la fibre et garantir un Internet calédonien à la fois performant et indépendant.
Un choix courageux, qui marque le refus de la dépendance aux opérateurs étrangers et la volonté de préserver la souveraineté numérique française dans le Pacifique.
Loin d’une simple révision tarifaire, cette évolution traduit une philosophie politique claire : celle d’un service public moderne, aligné sur les besoins réels du territoire, assumant le coût de la qualité et de la sécurité.
Dans un monde où la connectivité est devenue un enjeu géopolitique, la Nouvelle-Calédonie fait le pari de l’autonomie responsable plutôt que de la soumission technologique.