De Nouméa à Wallis, l’Agence française de développement (AFD) s’impose comme un acteur clé du redressement calédonien.
Sous l’impulsion de Paris, elle finance, conseille et oriente les grands choix économiques du territoire.
Mais derrière les prêts bonifiés et les discours institutionnels, c’est toute la stratégie française dans le Pacifique qui s’affirme.
Un partenaire historique du développement calédonien
Présente depuis 1947, l’Agence française de développement s’est imposée comme le premier financeur public de Nouvelle-Calédonie. Du logement social à la transition énergétique, son empreinte est partout.
L’AFD intervient auprès des communes, des provinces et des entreprises pour soutenir les projets structurants : hôpitaux, écoles, infrastructures routières, réseaux d’eau et d’énergie.
Ce rôle dépasse la simple logique financière : il s’agit d’un outil d’influence et de cohésion nationale. Sur un territoire marqué par l’histoire, l’État réaffirme ainsi son engagement au service du développement et du rééquilibrage entre les provinces.
Chaque année, des dizaines de projets voient le jour grâce aux prêts de l’AFD : la rénovation du parc social via la Société immobilière de Nouvelle-Calédonie (SIC), la création du réseau Néobus pour désengorger Nouméa, ou encore la construction du Médipôle de Koutio, symbole d’une santé modernisée.
L’agence ne se contente pas de prêter : elle forme, conseille et audite les collectivités locales pour renforcer la gestion publique. Son Observatoire des communes, publication annuelle, offre une vision claire des finances locales et aide les maires à piloter leurs budgets avec rigueur.
Dans un contexte d’endettement et de contraction budgétaire, cette expertise devient cruciale : les élus locaux doivent investir sans compromettre leur équilibre financier, et l’AFD leur en donne les moyens.
L’AFD, soutien vital du redressement budgétaire calédonien
Depuis 2008, l’AFD a engagé près de 300 milliards de F CFP en Nouvelle-Calédonie, dont une part significative pendant la crise sanitaire liée au Covid-19, et a financé environ 350 projets.
Il y a quelques jours, l’État, l’AFD et le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ont acté la signature d’une nouvelle convention de prêt au profit du territoire.
Pour soutenir les efforts amorcés et éviter l’arrêt des services publics des collectivités, l’État a souhaité procéder au décaissement de la seconde tranche du prêt garanti par l’État.
Un montant total de 29 milliards de francs CFP, soit 240 millions d’euros, sera versé à la Nouvelle-Calédonie à la suite de la signature officielle des conventions de prêt effectuée par le haut-commissaire de la République, représentant l’État, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et la directrice régionale de l’AFD.
Dans le détail, il sera procédé au versement de :
– 26,3 milliards de francs pour stabiliser les situations budgétaires des collectivités et financer les services publics ;
– 2,5 milliards de francs fléchés vers les politiques d’insertion de la jeunesse, les transports et la restauration scolaires, ainsi que la cohésion sociale.
Ce soutien massif témoigne d’une relation financière étroite entre Paris et Nouméa, mais aussi d’un choix politique assumé : maintenir la continuité des services publics et préserver la stabilité institutionnelle du territoire.
L’AFD, moteur de la transition économique et verte du Pacifique
L’AFD agit comme un levier économique et écologique majeur en Nouvelle-Calédonie. Aux côtés des collectivités, elle soutient aussi les PME locales via la Sogefom, facilitant leur accès au crédit et préservant l’emploi dans un tissu économique fragile. Ses prêts verts, bonifiés par l’État, accompagnent la transition énergétique avec des projets emblématiques comme la centrale solaire sur terre coutumière, qui alimente 7 000 foyers.
Cette stratégie s’inscrit dans la vision d’une Nouvelle-Calédonie durable et résiliente, tout en projetant l’influence française à l’échelle régionale. Depuis la création de la Direction régionale Océan Pacifique, l’AFD pilote la coopération, la protection de la biodiversité et l’adaptation au climat à travers des initiatives comme Kiwa, renforçant ainsi la souveraineté et la présence géopolitique de la France dans le Pacifique.
En Nouvelle-Calédonie comme ailleurs, l’AFD agit à la croisée des politiques publiques et de la stratégie nationale. Elle finance, structure et oriente dans une logique de continuité républicaine.
Son rôle dépasse la technique : elle incarne la volonté de la France d’investir, de protéger et d’innover dans ses territoires ultramarins.
Parce que le développement n’est pas qu’une question de chiffres, mais bien une affirmation de souveraineté.