En Nouvelle-Calédonie, les coûts du bâtiment poursuivent leur repli. Le secteur du BTP encaisse une nouvelle baisse de ses indices en septembre 2025, confirmant un ralentissement plus profond que prévu.
Un signal d’alerte pour un secteur déjà fragilisé par la conjoncture et les retards administratifs.
Le BTP calédonien sous tension : le BT21 recule encore
En septembre 2025, l’indice BT21 “tous travaux confondus” affiche un nouveau recul de 0,3 %, à 99,62 points, selon les chiffres provisoires publiés par l’Isee. Une tendance qui prolonge la baisse du mois précédent et traduit un affaiblissement généralisé du coût des matériaux. Sur douze mois, le BT21 s’établit en baisse de 0,7 %, confirmant une phase de stagnation du secteur.
Les principaux postes en recul sont révélateurs : l’“indice matériel” chute de 2,8 %, le “rond à béton en acier” de 2,5 %, et le “bois de coffrage” de 1,1 %. Autrement dit, les fondamentaux de la construction traditionnelle s’érodent. Même le “laminé marchand en acier” (-1,1 %) et les “câbles électriques” (-0,8 %) participent à ce mouvement, traduisant une contraction de l’activité des fournisseurs.
Des hausses isolées qui ne compensent pas la tendance
Face à ce repli, quelques hausses ponctuelles viennent limiter la casse, sans pour autant inverser la courbe. Les indices “gazole” (+1,6 %), “ascenseur” (+4,2 %) et “climatisation – climatiseurs” (+3,2 %) enregistrent des progressions sensibles, notamment liées aux coûts énergétiques et technologiques.
Mais dans un marché où le gros œuvre et les matériaux métalliques dominent, ces évolutions ne suffisent pas à redonner de l’air.
L’indice BT21 d’août 2025, désormais définitif, s’établit à 99,91, confirmant que le plancher symbolique des 100 points est désormais franchi. Une situation inédite depuis la base de référence fixée en décembre 2022. Pour les entrepreneurs calédoniens, cela signifie une pression accrue sur les marges, dans un contexte de chantiers publics ralentis et de procédures d’appel d’offres toujours lourdes.
Un secteur clé en manque de souffle
Au-delà des chiffres, la baisse du BT21 traduit une fatigue économique profonde. Si la France hexagonale voit son secteur du BTP se redresser lentement, la Nouvelle-Calédonie reste à la traîne. Le manque d’investissements publics, la hausse des coûts de transport et les incertitudes politiques pèsent lourdement sur les perspectives.
Les entreprises, souvent dépendantes de la commande publique, s’inquiètent d’un effet d’entonnoir : moins de projets, moins d’activité, et donc moins d’emploi. Dans un territoire où le BTP reste un pilier économique et social, cette tendance pourrait accentuer la fragilité structurelle du tissu local.
Certains signaux, comme la hausse du poste “ascenseur” ou “climatisation”, témoignent d’une mutation vers des travaux techniques et tertiaires, mais le cœur du métier, le gros œuvre reste affaibli. Les charpentes métalliques (-1,6 %), le béton armé (-1,6 %) et les terrassements (-0,6 %) sont tous orientés à la baisse. Le signal est clair : le BTP calédonien vit une érosion silencieuse, que seule une relance publique ambitieuse pourrait enrayer.
Alors que le BT21 recule pour le deuxième mois consécutif, les acteurs du secteur réclament une stabilité réglementaire et une visibilité budgétaire. Dans un contexte où la transition écologique impose de nouveaux standards, les entreprises calédoniennes doivent composer avec des coûts fluctuants et une demande incertaine.
Sans un signal fort de la puissance publique, le risque est réel : voir le savoir-faire local s’éroder au profit d’importations ou d’entreprises extérieures mieux armées.
Le BTP calédonien reste un indicateur avancé de la santé économique du territoire. Son repli persistant, au-delà des décimales, dit une chose : la Nouvelle-Calédonie a besoin d’un plan de relance du travail et de la production, pas d’une politique d’attente.