Face aux écrans omniprésents, les parents ne doivent ni baisser les bras ni diaboliser la technologie. Il s’agit d’éduquer, de transmettre et de responsabiliser.
Redonner un cadre clair à l’éducation numérique
Le numérique n’est pas un ennemi : c’est un outil. Mais comme tout outil, il doit être maîtrisé. L’enjeu, pour les parents, n’est pas d’interdire, mais d’encadrer. Dans une société où l’écran a remplacé la cour de récréation, le rôle de l’autorité parentale redevient central.
Montrer l’exemple reste la première des éducations. Un parent accroché à son téléphone ne peut espérer que son enfant décroche. Dîner sans portable, pas d’écrans dans la chambre, le téléphone éteint la nuit : ces gestes simples sont des actes éducatifs forts. Ils rappellent que la famille précède la technologie et que le numérique ne doit pas envahir l’intimité du foyer.
Mais il ne suffit pas de poser des interdits : le dialogue est une arme bien plus puissante. Parler d’une vidéo virale, d’un influenceur ou d’un fait d’actualité permet d’ouvrir un espace de réflexion. Derrière chaque écran, il y a un esprit à former, une conscience à éveiller.
Réseaux sociaux : accompagner sans surveiller
Les réseaux sociaux sont devenus le principal espace de socialisation des adolescents. Instagram, Snapchat, TikTok : ces plateformes façonnent les opinions, les comportements et parfois les drames. Loin de l’hystérie médiatique, il faut garder la tête froide. Les risques sont réels : cyberharcèlement, contenus choquants, prédateurs en ligne… Mais la peur ne doit pas dicter les réactions.
Le parent moderne ne peut pas tout contrôler, mais il peut tout comprendre. Connaître les paramètres de confidentialité, apprendre à signaler un abus, expliquer l’importance de protéger son image comme sa vie privée, ce sont des réflexes de bon sens.
En cas de problème, la police et la gendarmerie sont les premiers recours. Le portail cybermalveillance.gouv.fr et le Centre Cyber du Pacifique accompagnent aussi les familles. La République ne laisse pas les parents seuls : encore faut-il qu’ils osent agir, plutôt que de subir.
Le dialogue doit primer sur la surveillance. Confisquer un téléphone ne résout rien si le fond du problème reste ignoré. Négocier, expliquer, impliquer, voilà la clé d’un équilibre durable.
Valoriser, responsabiliser, transmettre
Le paradoxe de cette génération, c’est qu’elle maîtrise les outils mieux que ceux qui l’ont élevée. Plutôt que d’en être jaloux, les parents doivent en faire une force. Demander à son adolescent de montrer une fonction, de configurer un appareil, c’est lui reconnaître une compétence, sans pour autant lui céder l’autorité.
Mais ce savoir technique ne remplace pas les valeurs. Respect, prudence, discernement : ces mots doivent redevenir centraux. L’éducation numérique ne se réduit pas à un paramétrage : c’est une éducation civique à part entière.
Rappeler les bons réflexes reste essentiel : mots de passe solides, confidentialité réglée, prudence face aux inconnus, vérification des sources… Ce sont des automatismes à inculquer dès le collège.
Enfin, instaurer un groupe familial sur une messagerie (WhatsApp, Messenger…) permet de maintenir le lien, d’échanger et de rester présent sans intrusion. La technologie peut unir quand elle est utilisée avec discernement.
Accompagner un adolescent dans le numérique, c’est refuser le laxisme comme la peur. C’est croire en la capacité de l’enfant à devenir un adulte libre, lucide et responsable. L’éducation reste le premier rempart de la République.
Le numérique doit servir l’humain, jamais l’inverse. Loin des idéologies victimaires, c’est par une autorité bienveillante et un dialogue exigeant que les parents forment des citoyens ancrés dans la réalité, et non prisonniers d’un monde virtuel.