À Nouméa, le bras de fer politique s’intensifie. Tandis que le FLNKS et l’UC radicalisée exigent le maintien des élections provinciales avant la fin novembre, l’UNI appelle Paris à choisir la raison plutôt que la précipitation.
Les extrémistes indépendantistes s’entêtent, l’UNI prône la responsabilité
Dans une lettre ouverte adressée aux députés français, datée du 21 octobre 2025, l’Union nationale pour l’indépendance (UNI) adopte un ton grave. Alors que l’UC et une partie du FLNKS multiplient les pressions pour que les élections provinciales se tiennent avant la fin novembre, pour le mouvement d’Emmanuel Tjibaou : forcer le calendrier, c’est jouer avec la stabilité.
L’UNI, elle, choisit la voie de la modération. Elle rappelle que depuis les accords de Matignon-Oudinot puis celui de Nouméa, elle a toujours défendu la continuité des engagements avec la République française. Et surtout, elle inscrit sa position dans le cadre de l’accord de Bougival (ADB), signé en 2025, qui propose un dispositif rénové d’autodétermination, compatible avec une Nouvelle-Calédonie souveraine mais liée à la France.
Loin d’un repli identitaire, cette posture veut préserver un cap : la paix civile avant tout. Une ligne qui tranche avec la radicalisation d’une partie du FLNKS, déterminée à maintenir coûte que coûte un scrutin dans un climat encore fragile.
Reporter pour reconstruire : l’option du courage politique
L’argument central de l’UNI tient en trois mots : « responsabilité, compromis, stabilité ». Dans sa lettre, la délégation explique qu’un report du scrutin est indispensable pour permettre à la population de s’approprier l’accord de Bougival, véritable feuille de route pour une refondation politique et économique du pays.
Les événements tragiques de mai 2024, qui ont plongé la Nouvelle-Calédonie dans le chaos, laissent encore des plaies ouvertes. Les tensions entre partisans de l’indépendance et loyalistes restent vives. Dans ce contexte, organiser des élections dès novembre reviendrait à raviver des blessures non cicatrisées.
L’UNI propose un report à juin 2026, une échéance jugée réaliste pour poursuivre le dialogue, finaliser les réformes institutionnelles et engager un plan de reconstruction. Ce calendrier, loin d’être un recul, serait une preuve de maturité politique, en ligne avec les principes mêmes de l’accord de Bougival.
Ce dernier, fruit de neuf mois de négociations, avait réussi à rétablir un climat de confiance entre l’État, les indépendantistes modérés et les non-indépendantistes. Le torpiller maintenant, ce serait trahir les Calédoniens qui aspirent à un avenir apaisé.
Paris face à un choix historique
À la veille de l’examen de la proposition de loi organique à l’Assemblée nationale, la lettre de l’UNI sonne comme un dernier appel au discernement. Les députés français sont désormais placés devant une responsabilité claire : soutenir le compromis ou rallumer la mèche.
Le vote en faveur du report serait un signal fort, celui du soutien à la paix, à la responsabilité et au dialogue, insiste la délégation.
Contrairement à ce que certains insinuent, ce report n’a rien à voir avec le corps électoral, mais tout à voir avec la préservation du cadre politique posé par Bougival.
L’UNI plaide pour que l’accord de Bougival soit reconnu comme la base du dialogue futur entre la Nouvelle-Calédonie et la République. Un cadre qui dépasse les postures, et qui redonne sens à la parole donnée par l’État : accompagner la transition, pas la précipiter.
À Paris, le signal envoyé comptera autant que le texte voté. Soutenir le report, c’est choisir la stabilité. Refuser, c’est prendre le risque d’une rechute politique et sociale dont personne ne sortirait gagnant.