Les États-Unis et la Chine rejouent un vieux duel, cette fois autour des terres rares, ces métaux au cœur de toutes les technologies modernes. À la veille du sommet Trump-Xi, la rencontre de Kuala Lumpur s’annonce comme une partie d’échecs diplomatique sous haute tension.
L’enjeu stratégique des terres rares
Les relations États-Unis-Chine replongent dans la tension. Ce mercredi, le représentant américain au Commerce, Jamieson Greer, et le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, ont annoncé leur départ pour la Malaisie, où ils doivent rencontrer leurs homologues chinois.
Objectif : tenter d’apaiser la crise ouverte par les restrictions chinoises sur les exportations de terres rares, ces métaux indispensables aux technologies de pointe.
Washington dénonce des mesures « incroyablement agressives » qui menacent la stabilité des chaînes d’approvisionnement mondiales. Pékin, de son côté, justifie ses décisions par des motifs de sécurité nationale.
Ces échanges pourraient préparer une rencontre directe entre Donald Trump et Xi Jinping en marge du sommet de l’Apec, prévu en Corée du Sud la semaine prochaine.
Une guerre économique à haute tension
Depuis le 9 octobre, la Chine a élargi le champ de ses contrôles sur les exportations de terres rares et de technologies associées, un secteur qu’elle domine à plus de 70 % dans le monde.
Les États-Unis répliquent en brandissant la menace de tarifs douaniers à 100 % sur certains produits chinois à compter du 1er novembre.
À Pékin, le ministère du Commerce a dénoncé des « mesures extrêmement préjudiciables », accusant Washington de « saper la sécurité et la stabilité des chaînes industrielles mondiales ».
Les analystes parlent déjà d’un nouveau cycle d’escalade commerciale, où chaque décision alimente la méfiance de l’autre.
Pour l’administration Trump, la ligne est claire : rééquilibrer les échanges et mettre fin aux barrières imposées aux entreprises américaines sur le marché chinois.
« Les États-Unis ont toujours été ouverts au dialogue, mais nous ne pouvons plus vivre dans un système biaisé », a déclaré Greer sur CNBC.
Une rencontre sous haute surveillance
Ce déplacement en Malaisie est perçu comme une étape clé avant un possible face-à-face Trump-Xi.
Pour le président américain, l’enjeu est autant économique que politique : arracher à la Chine une reprise des achats agricoles, essentielle pour son électorat des États ruraux avant les élections de mi-mandat 2026.
Pékin, lui, veut montrer qu’il reste maître du jeu technologique mondial.
Les terres rares, présentes dans les smartphones, les véhicules électriques ou les avions de chasse, sont devenues le symbole du rapport de force entre les deux puissances.
Même si les États-Unis tentent de diversifier leurs sources d’approvisionnement, la Chine contrôle encore près de 90 % du raffinage mondial, rendant toute alternative difficile à court terme.
Les discussions de Kuala Lumpur devraient donc définir les contours d’un équilibre fragile : coopération minimale ou rupture ouverte.
À la clé : la stabilité du commerce mondial, l’avenir des industries technologiques et la crédibilité politique des deux chefs d’État.
En résumé
Washington accuse Pékin de transformer les terres rares en arme économique, au mépris des règles du commerce mondial.
De son côté, la Chine rejette la faute sur la surenchère tarifaire américaine, qu’elle juge provocatrice. Le sommet Trump-Xi prévu lors de l’Apec en Corée du Sud pourrait bien servir de champ de bataille diplomatique entre deux visions du monde.
Et pendant ce temps, les marchés internationaux observent, suspendus à chaque phrase, conscients que la moindre étincelle peut relancer la guerre commerciale.