Ils n’en peuvent plus de subir. Depuis des années, les habitants du Mont-Dore Sud vivent au rythme des blocages, des caillassages et des peurs.
Face à cette situation devenue intenable, quatre élus du Congrès de la Nouvelle-Calédonie ont décidé d’agir, en déposant, le 23 octobre 2025, une proposition de résolution (n°195) pour réclamer à l’État la construction d’une voie de désenclavement.
Un projet attendu depuis des décennies : le contournement de la tribu de Saint-Louis.
Saint-Louis, symbole d’un abandon républicain
Pour des milliers d’automobilistes, le trajet entre Boulari et le Vallon-Dore est devenu un cauchemar quotidien. Chaque passage devant la tribu de Saint-Louis réveille la même angoisse : celle de la route bloquée, du caillassage nocturne, de l’incendie, ou de la peur de ne pas rentrer chez soi.
Les élus le rappellent dans leur texte : ces blocages à répétition ont eu des conséquences démographiques, économiques, sociales et humaines considérables.
Des entreprises ont fermé, des emplois ont disparu, des familles ont déménagé. Des enfants ont décroché scolairement, des habitants ont renoncé à se soigner ou à investir dans une zone devenue instable.
Pire encore, cette situation a porté atteinte à la liberté d’aller et venir, principe pourtant garanti par la Constitution.
Les signataires dénoncent une atteinte directe à la continuité du service public et à l’égalité républicaine, des valeurs que la France se doit de protéger sur l’ensemble de son territoire.
Une proposition ferme, soutenue et structurée
La proposition de résolution n°195 a été déposée conjointement par Françoise Suvé, Virginie Ruffenach, Veylma Falaeo et Philippe Michel. Tous quatre demandent que le Congrès de la Nouvelle-Calédonie adresse une requête officielle à l’État afin qu’il prenne en charge le financement et la maîtrise d’ouvrage d’une voie de désenclavement reliant le Sud du Mont-Dore à Yaté.
Cette initiative ne vient pas de nulle part : elle fait suite à un courrier de l’Association Citoyen mondorien, daté du 2 octobre 2025, appelant les groupes politiques à se mobiliser sur ce dossier.
Soutenu par l’Association française des maires, ainsi que les trois chambres consulaires, la Chambre des métiers et de l’artisanat, la Chambre de commerce et d’industrie, et la Chambre d’agriculture et de la pêche, ce texte s’inscrit dans une démarche de sécurité publique et de cohésion territoriale.
Tous s’accordent sur un constat simple : la situation n’est plus tenable, et seule une intervention directe de l’État peut débloquer ce dossier devenu explosif.
Un projet d’envergure pour libérer le Sud
La province Sud, anticipant cette dynamique, a déjà lancé les premières études géophysiques et géotechniques du projet, avec le soutien financier de l’État via le contrat de développement.
Le plan d’ensemble prévoit le doublement de la RP1 entre Boulari et le Vallon-Dore grâce à la construction d’un viaduc. Cet ouvrage d’envergure permettrait de garantir durablement la circulation des personnes et des biens, tout en renforçant la sécurité des populations.
À terme, cette voie assurerait le désenclavement des quartiers sud et le développement économique de Yaté, qui souffre elle aussi d’un isolement chronique.
Mais un obstacle majeur persiste : le coût colossal de l’opération, qui dépasse largement les capacités financières des collectivités locales.
C’est pourquoi les élus demandent à l’État de prendre la main, à la fois sur le financement et la maîtrise d’ouvrage, dans le cadre d’un contrat de développement spécifique.
Dans le texte de résolution, le message est sans ambiguïté : le Congrès sollicite l’État pour qu’il prenne en charge la construction de cette voie de désenclavement, afin de garantir durablement la liberté de circulation des personnes et des biens entre le Sud du Mont-Dore, Yaté et le reste de la Nouvelle-Calédonie.
Le document précise que la résolution sera transmise au Haut-Commissaire de la République, au gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, et publiée au Journal officiel.
En clair, les élus entendent sortir ce dossier du déni et de l’attente, pour le hisser au rang de priorité nationale.
Derrière cette initiative, il y a une exigence : celle de la dignité des habitants du Sud, contraints depuis trop longtemps à vivre dans la peur et l’incertitude.
Et il y a surtout une conviction : l’État ne peut plus détourner le regard.
La République doit se tenir debout, ici aussi, au pied de Saint-Louis, pour rappeler que la liberté de circuler n’est pas négociable.















