Ils tiennent bon face aux crises, à la bureaucratie et aux importations.
Les éleveurs calédoniens pourront enfin souffler un peu : le gouvernement acte une nouvelle enveloppe pour soutenir les filières bovine, porcine et ovine.
Un sursaut attendu pour les éleveurs calédoniens
Face à des trésoreries exsangues, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie a tranché : un arrêté adopté le 22 octobre 2025 permet d’utiliser les fonds de concours agricoles pour sauver la campagne 2025. Une bouffée d’oxygène pour des producteurs qui, depuis des mois, subissent de plein fouet la hausse des coûts de production, la baisse de la consommation locale et la concurrence des importations à bas prix.
Trois fonds sont concernés : le Fonds de développement de l’élevage bovin (FDEB), le Fonds de développement de l’élevage porcin (FDEP) et le Fonds de développement des élevages ovins, caprins et cervidés (FDEOCC). Au total, 109 millions de francs CFP sont injectés dans la machine, un effort non négligeable pour l’économie rurale.
Ces fonds, alimentés par un prélèvement sur les carcasses de viande locale et importée, incarnent un principe clair : faire payer le marché pour financer la souveraineté alimentaire. Une approche pragmatique et assumée, dans la droite ligne d’une économie territoriale fondée sur la responsabilité et la production locale.
80 millions pour la filière bovine : le socle agricole du pays
Le FDEB, créé en 1981, demeure le pilier du modèle agricole calédonien. Il vise à améliorer la qualité génétique et sanitaire du cheptel, tout en soutenant les organisations professionnelles. En 2025, la somme totale atteint 80 millions FCFP, dont 50 millions au titre d’un programme complémentaire pour boucler l’année.
Les bénéficiaires sont multiples :
CAP-NC, pour l’achat de géniteurs mâles, produits vétérinaires et boucles d’identification (11 millions FCFP) ;
UPRA bovine, acteur clé de la sélection, qui reçoit 40 millions FCFP ;
Interprofession Viandes NC, chargée du fonctionnement, de la classification et de l’indemnisation des saisies (12,5 millions FCFP) ;
Syndicat des éleveurs, 500 000 FCFP ;
UPRA Calédonie Sélection, 3 millions FCFP.
Ce plan traduit une volonté politique claire : défendre la filière bovine locale face à la pression des importations et au désengagement du marché privé. Dans un contexte où le coût des intrants explose, cette injection de liquidités vise à éviter une rupture de production et à protéger l’emploi rural.
Porcins et ovins : 29 millions pour maintenir la production locale
Le FDEP, créé en 2019 pour succéder au Fonds de régulation du marché des viandes porcines, obtient une enveloppe totale de 20 millions FCFP. Objectif : redonner des marges de manœuvre aux producteurs et aux structures professionnelles fragilisées.
Dans le détail, l’UPRA porcine reçoit 10,5 millions FCFP pour ses programmes d’aide aux éleveurs, tandis que le Syndicat des naisseurs-engraisseurs obtient 3,9 millions FCFP. L’Interprofession Viandes NC voit également ses moyens consolidés à hauteur de 5 millions FCFP, un signal fort pour la coordination de la filière.
Quant au FDEOCC, il rassemble 9 millions FCFP pour soutenir les éleveurs d’ovins, caprins et cervidés, via l’UPRA OC (6,7 millions FCFP), l’EDEC NC (1,9 million) et le GEPR (400 000 FCFP). Là encore, l’objectif reste le même : préserver la diversité des filières rurales et éviter que le pays ne devienne totalement dépendant des importations.
En actant ce plan global de 109 millions FCFP, le gouvernement néo-calédonien choisit le camp des producteurs. Dans une Nouvelle-Calédonie fragilisée par l’instabilité économique, cette politique s’inscrit dans une vision de long terme : maintenir la capacité du territoire à nourrir sa population et protéger les emplois agricoles, souvent les derniers bastions du monde rural.
Le message est limpide : soutenir la production locale, c’est défendre l’indépendance alimentaire. L’exécutif local se positionne en acteur souverain, refusant la fatalité du « tout importé » et du dumping venu de l’étranger.
Un choix de courage et de responsabilité, qui replace la production calédonienne au cœur de son destin.















