samedi 25 octobre Il est 15 heures. Et apparemment, c’est le moment parfait pour prévenir le Haut-Commissariat qu’on veut bloquer la route un lundi matin.
Je me suis dit : c’est courageux.
Surtout la veille de la rentrée scolaire.
Des gamins reprennent les cours, des parents reprennent le travail, des artisans reprennent espoir, et eux… reprennent les blocages.
Le Haut-Commissaire, lui, n’a pas hésité longtemps.
Trois jours de délais de prévenance , c’est la règle.
Résultat : arrêté d’interdiction.
Sec, propre, net.
Pendant ce temps, Nouméa vivait sa vraie manif du jour :
celle de la nostalgie. La Caverne d’Ali Baba a fermé.
42 ans de jouets, d’odeurs de plastique neuf, et de gamins surexcités.
Les châteaux gonflables ont remplacé les discours,
et les sourires des enfants valaient bien tous les slogans du monde.
Un peu plus loin, sur la place de la Moselle,
les artisans du salon Expo A+ tentaient, eux, de reconstruire.
Clous, vis, devis, énergie solaire…
Les mains qui fabriquent le pays pendant que d’autres essaient encore de le casser.
Sur la route, à Touho, un homme est mort.
À Magenta, un autre est tombé d’un toit.
Et à l’Aquarium des Lagons, un bassin a fui.
Pas d’explosion, juste une soudure qui lâche.
C’est un peu la métaphore du moment : tout tient, mais ça fuit de partout.
Le soir, Patrick Bruel a chanté à Païta. 33 ans après son dernier passage.
3000 personnes, des couples main dans la main,
et cette impression qu’on avait tous besoin de se rappeler les paroles.
Pendant deux heures, le pays a oublié la politique,
et s’est souvenu qu’il pouvait encore vibrer ensemble.
Et pendant que la France se dispute son budget,
que les Premiers ministres australien et néo-zélandais serrent des mains à Kuala Lumpur,
ici, on remet des horloges à l’heure,
on prépare la rentrée, et on compte les jours avant Halloween.
Bref.
Je me suis réveillé, le FLNKS voulait manifester aujourd’hui.
Mais ce matin, c’est la vie normale qui reprend.


















