La saison chaude approche et dans le Pacifique, elle n’est jamais anodine. Ce jeudi 30 octobre 2025, Météo-France Polynésie a livré une feuille de route claire pour le Fenua, loin des exagérations et des paniques faciles.
UN PACIFIQUE QUI SE REFROIDIT ET UNE NIÑA BRÈVE MAIS SURVEILLÉE
Depuis février 2025, les températures de surface du Pacifique équatorial ont enfin retrouvé des niveaux considérés comme normaux par les climatologues. Un signe encourageant dans une région où l’océan dicte encore la majorité des équilibres météorologiques.
Puis, dès août 2025, un refroidissement a commencé, amorçant une dynamique qui attire l’attention des prévisionnistes : le Pacifique se dirige vers un épisode La Niña, certes bref, mais suffisamment marqué pour nécessiter un suivi rapproché.
Selon les analyses publiées par Météo-France Polynésie, ce refroidissement devrait se prolonger encore deux mois avant d’atteindre le seuil de la Niña, puis de revenir rapidement à un état neutre. Cette oscillation limitée laisse entrevoir une saison chaude moins perturbée que celles marquées par un Niño puissant, mais certainement pas dénuée de risques.
Loin des scénarios catastrophistes, les experts soulignent un risque cyclonique jugé faible à modéré, nuance importante trop souvent ignorée dans les débats.
Dans ce contexte, un paramètre crucial prend le dessus : l’Oscillation Quasi Biennale (QBO), un phénomène atmosphérique influent dans la région. Contrairement à ce que certains discours simplistes laissent entendre, la Polynésie ne dépend pas uniquement de Niño/Niña. C’est précisément cette complexité que rappelle Météo-France : gouverner le climat exige du sérieux, pas de l’idéologie.

DES RISQUES CYCLONIQUES DIFFÉRENCIÉS SELON LES ARCHIPELS
En adoptant une lecture fine des données, les prévisionnistes dessinent une carte des risques très contrastée. Et là encore, la rigueur scientifique corrige les approximations habituelles.
Sur les Marquises, les chances de voir se développer un phénomène cyclonique nommé demeurent très faibles. Entre 12°S et 20°S, c’est-à-dire dans une large zone incluant une partie des Tuamotu et la Société, l’activité potentielle reste faible.
C’est au sud du 20°S que les probabilités deviennent modérées, particulièrement lors de la seconde moitié de la saison chaude. Rien de surprenant : ces zones sont historiquement plus exposées, et l’évolution des masses d’air le confirme cette année encore.
La tendance dominante, en revanche, est claire : la saison s’annonce globalement sèche, à l’exception notable des Australes, où les pluies devraient rester proches des normes saisonnières.
Mais attention : une saison sèche n’exclut pas les épisodes pluvieux intenses. Au contraire, les spécialistes pointent la présence attendue de la ZCPS (Zone de Convergence du Pacifique Sud) sur un axe allant de la Société aux Gambier, situation qui peut générer des pluies brèves mais violentes.
Une donnée essentielle pour les familles, les communes et les services de l’État qui, eux, doivent planifier selon la réalité, non sur l’émotion.

SÉCHERESSE, PLUIES INTENSES : UNE SAISON AUX CONTRASTES MARQUÉS
La première partie de la saison chaude présente déjà des contrastes nets. Avec un indice de confiance modéré, les modèles indiquent un déficit de pluie marqué sur les Marquises et le nord des Tuamotu.
Sur les îles de la Société, le sud des Tuamotu et Rapa, les précipitations devraient se situer dans les normes, tandis que les Australes et les Gambier enregistreraient un excédent.
Une photographie météorologique très différente selon les archipels, preuve que la météo du Pacifique ne s’improvise pas.
Dans la seconde partie de saison, l’indice de confiance baisse mais la tendance reste cohérente : le déficit de pluie persiste sur les Marquises et le nord des Tuamotu, et il s’étend jusqu’à la Société.
Aux Gambier, les niveaux devraient rester proches des normales, tandis que les Australes conserveraient un léger excédent.
La conclusion est nette : les Polynésiens doivent s’attendre à une saison chaude plutôt sèche, mais avec des pics de précipitations soudains et parfois dangereux. Une configuration connue, mais jamais à sous-estimer.
Dans un Territoire où l’eau est vitale pour les familles, l’agriculture, les communes, ces variations imposent une gestion responsable, loin des polémiques et des discours de façade. Préparer, informer, anticiper : trois piliers qui ne doivent rien à l’idéologie mais tout au bon sens.
Au-delà des analyses techniques, le message délivré par Météo-France Polynésie et par l’État est limpide : la préparation reste essentielle, même lorsque le risque cyclonique est modéré.
Chaque famille est invitée à consulter les consignes officielles publiées par le Haut-Commissariat, qui rappellent les gestes simples mais cruciaux en cas d’alerte.
Car la sécurité ne s’improvise pas : elle repose sur l’information, la discipline collective et la confiance dans les institutions publiques qui, en Polynésie comme ailleurs, assument leur rôle avec sérieux.
Dans un monde où certains cultivent la peur, la République répond par le concret, la méthode et la responsabilité.
C’est cette ligne ferme, lucide, profondément républicaine, que le Fenua devra suivre alors que s’ouvre la saison chaude 2025-2026.















