Les territoires se construisent par le travail et la maîtrise de leur industrie.
En Nouvelle-Calédonie, la filière du nickel reste l’un des piliers qui fondent la souveraineté économique du pays.
Au cœur d’Opoué : la réalité du terrain minier
La première étape a conduit les étudiants sur la mine d’Opoué, à Tontouta, un site emblématique où se lit la complexité d’un métier trop souvent caricaturé. Guillaume Persan, superviseur du site, et Hai-Sean Salabert, responsable géotechnique et gestion des eaux minières, ont guidé les jeunes dans les zones d’exploitation, les fronts actifs et les secteurs destinés à la poursuite du gisement dans le cadre du projet DAEM Jean.
Cette immersion a rappelé une évidence : la mine n’est pas un décor figé, mais un système vivant, où chaque décision engage la sécurité, la ressource et la durée de vie du gisement.
Un point essentiel a marqué les étudiants : le suivi géotechnique réglementaire.
L’inclinomètre présenté sur le terrain discret tube bétonné, mais instrument crucial suit les déformations horizontales lors de la stabilisation de la verse. Cette dernière atteindra 182 mètres de dénivelé, l’une des plus importantes du territoire. Preuve, s’il en fallait, que la mine exige une discipline technique et une rigueur souvent sous-estimées.
L’autre volet marquant fut la visite du plateau intermédiaire récemment réhabilité. GFC a sécurisé les talus, installé des géofilets en fibres naturelles, favorisé la revégétalisation et donné à cette zone un visage qui contredit les clichés anti-miniers. Une réhabilitation visible depuis la RT1, exemple concret d’une industrie qui assume ses responsabilités plutôt que de s’y dérober.
Doniambo : comprendre l’industrie au lieu de la fantasmer
La seconde visite a mené les étudiants à l’usine de Doniambo, cœur historique de la transformation métallurgique calédonienne. Là où beaucoup ne voient que des cheminées, les jeunes ont découvert des procédés, des métiers, des ingénieries complémentaires qui constituent l’épine dorsale de la production du nickel.
Entrer à Doniambo, c’est comprendre que la Nouvelle-Calédonie est capable de produire, transformer, innover et exporter. C’est saisir que derrière chaque tonne de ferronickel, il y a des opérateurs, des techniciens, des contrôleurs et des équipes qui portent une exigence industrielle forte.
L’immersion a permis de relier les connaissances théoriques acquises à l’université aux réalités du terrain : le traitement du minerai, la maîtrise thermique, le suivi qualité, les contraintes énergétiques et environnementales.
Une leçon de concret, loin des discours simplistes qui opposent industrie et environnement sans jamais considérer les progrès réels des sites calédoniens.
La verse à scories : comprendre la valorisation, anticiper la durabilité
La dernière visite a conduit les étudiants sur la verse à scories, au cœur d’enjeux stratégiques pour l’avenir de la filière. Sous la supervision de Hai-Sean Salabert, cette fois dans son rôle d’enseignant universitaire, ils ont découvert les zones THF et les perspectives de valorisation.
Yves Veran, responsable du projet Scories, a présenté le programme SLAND, intégré au référentiel RCNC depuis 2024, ainsi que les procédés de sablage et de criblage des fractions 0–4 mm.
Chiffres clés : 120 000 tonnes exportées vers Houston en trois ans, 90 000 tonnes prévues en 2025, et surtout la perspective d’une unité de valorisation opérationnelle dès 2026. Une orientation stratégique qui illustre la volonté d’une industrie responsable, tournée vers la réduction des stocks et la création de valeur.
La suite de la visite s’est déroulée sur la zone maritime et l’endigage. Les étudiants ont été exposés aux études techniques menées depuis 2003, aux dispositifs d’auscultation inclinomètres, piézomètres, CPI et à la gestion du drainage.
Le projet d’extension de la verse, attendu à la fin de l’année 2025, garantira une visibilité de neuf à dix ans pour la continuité du stockage. Là encore, rien n’est laissé au hasard : stabilité, sécurité, anticipation le contraire exact du récit trop répandu d’une industrie qui improviserait au détriment du territoire.
Les étudiants ont également échangé sur le traitement des scories sodiques et calco-sodiques, l’usage de liners pour protéger les sols, la revégétalisation des talus et l’intégration paysagère des versants. De quoi mesurer ce que représente réellement une filière responsable : non pas des slogans, mais des techniques, des normes, des suivis et des projets.
La journée s’est conclue sur la plateforme sommitale. Les étudiants y ont observé la gestion des flux, les méthodes de nivellement et les opérations de modelage. Une vue d’ensemble qui permet de comprendre la logique industrielle dans sa globalité : la mine, l’usine, la valorisation, la gestion des coproduits.
Au terme de ces trois visites, les étudiants du DEUST Mines ont acquis bien plus que des connaissances : ils ont compris le cycle minier et métallurgique dans son intégralité, la responsabilité qu’il implique et la place stratégique qu’il occupe dans l’économie calédonienne.
Ils ont vu une industrie qui travaille, qui innove, qui s’adapte et qui refuse la résignation.
Cette immersion rappelle une vérité essentielle : la filière nickel n’est pas un fardeau, mais un levier de puissance, un espace de compétences, un moteur de souveraineté économique.
Et les futurs professionnels qui l’ont parcourue ce jour-là savent désormais qu’ils auront un rôle à jouer pour maintenir cette exigence et porter une industrie responsable, ambitieuse et fièrement ancrée dans la construction du pays.
(Crédit photo : SLN-Le Nickel)




















