Depuis quelques mois, les États-Unis font monter en puissance la défense de Guam. L’Armée américaine y teste déjà des équipements clés contre les menaces chinoises.
Guam, pivot stratégique face à la pression chinoise
Le Pentagone a confirmé l’envoi, dès l’an dernier, de prototypes de défense antimissile sur l’île américaine du Pacifique. L’annonce a été faite par Jeannie Sommer, responsable de l’Armée américaine chargée des programmes missiles et espace, lors d’un forum dédié à la défense de Guam.
Pour Washington, la protection de Guam n’est pas un sujet théorique : l’île représente la base avancée essentielle pour dissuader toute tentative de Pékin d’agir contre Taïwan. La Chine, qui revendique l’île démocratique, multiplie les démonstrations de force — et les États-Unis adaptent leur posture en conséquence.
Le futur système intégré de défense aérienne et antimissile (Enhanced Integrated Air and Missile Defense System), un chantier estimé à 8 milliards de dollars, doit débuter l’an prochain. L’étude d’impact environnemental est ouverte au public jusqu’au 8 janvier.
Washington prévoit un dispositif complet : radars, capteurs, lanceurs, intercepteurs et infrastructures répartis sur plusieurs sites pour une protection à 360 degrés contre les missiles balistiques, de croisière ou hypersoniques. Guam, qui abrite Naval Base Guam, Andersen Air Force Base et la nouvelle base des Marines Camp Blaz, reste le « tip of the spear » américain dans l’Indo-Pacifique.
Prototypes déployés : une nouvelle doctrine d’acquisition
Sans préciser les modèles, Sommer a indiqué que les capacités testées incluent l’Integrated Battle Command System, le lanceur Indirect Fire Protection Capability, les radars Sentinel A4 et Lower Tier Air and Missile Defense Sensor, ainsi que les lanceurs M903.
Particularité : ces équipements, au lieu d’être testés de manière isolée dans le désert de White Sands, sont directement mis dans les mains des soldats sur le terrain. Ceux-ci se relaient à Guam pour les utiliser en conditions réelles.
Cette méthode permet un retour d’expérience beaucoup plus rapide, un point jugé décisif alors que les États-Unis veulent accélérer leur rythme d’acquisition militaire. Le secrétaire à la Défense Pete Hegseth l’a rappelé le 7 novembre : il faut désormais fonctionner « en mode temps de guerre » pour livrer les capacités nécessaires plus vite.
Capacité opérationnelle prévue dès 2027
Les premières capacités doivent être livrées en 2027 avant une montée en puissance progressive jusqu’à la pleine capacité opérationnelle quelques années plus tard. L’objectif est de rendre Guam moins dépendante des destroyers Aegis, qui assurent aujourd’hui une partie de la défense antimissile de l’île.
Le système THAAD déjà présent continuera d’opérer, mais l’intégration des nouvelles technologies doit offrir un niveau de protection inédit pour un territoire exposé aux missiles chinois, nord-coréens et aux menaces émergentes.















