À tout juste 25 ans, Zacharie Hnawang est devenu l’un des visages du breakdance en Nouvelle-Calédonie. Danseur, professeur et membre d’un groupe de spectacles, il porte une parole forte : la danse peut changer des trajectoires de vie.
Une passion née dans les quartiers et forgée dans le collectif
La rencontre de Zacharie avec le breakdance remonte à son enfance.
Elle a commencé à l’âge de 7 ans avec le groupe Résurrection sur Rivière-Salée
explique-t-il en évoquant ses débuts. À l’origine, rien de prémédité : il passait simplement dans le quartier lorsqu’il a découvert un groupe de danseurs.
Je les ai vus danser
dit-il, comme si cette scène avait suffi à déclencher la suite.
Ce qu’il cherchait, il l’a trouvé dans ce collectif : expression, camaraderie, joie partagée.
Ils pouvaient s’exprimer et avoir la joie entre collègues
raconte-t-il. C’est cette énergie qui l’a guidé, une flamme qu’il entretient encore aujourd’hui.
Un regard lucide et critique sur la jeunesse du territoire
Zacharie ne mâche pas ses mots lorsqu’il parle des jeunes Calédoniens.
Je pense qu’il y a énormément de potentiel et qu’il y a du talent
affirme-t-il avec conviction. Mais il pointe aussi les manquements, notamment le manque d’accompagnement.
Pour lui, beaucoup de jeunes manquent de soutien, autant dans les structures sportives que dans les familles.
On ne leur donne pas forcément à tout le monde les moyens ni les bonnes directions
observe-t-il. Il déplore aussi une forme d’indifférence parentale :
Je pense que tu as des parents, ils s’en foutent un peu de leurs enfants
Selon lui, l’enjeu est clair : les pousser à suivre leur propre voie, pas celle imposée par un clan, une famille ou une tradition.
Il faudrait aussi les accompagner dans leur envie personnelle à eux
insiste-t-il.
La danse comme porte ouverte vers l’avenir
Zacharie croit profondément que la danse, comme d’autres sports, peut transformer des existences.
À travers la danse ou le sport, je pense que tu as des enfants qui peuvent aller loin
assure-t-il. Le territoire compte quelques exemples de réussites, mais selon lui, il n’y en a pas assez.
Son parcours en est pourtant la preuve : enfant de quartier devenu danseur, professeur et artiste, il montre que la persévérance alliée à une passion peut ouvrir des portes insoupçonnées.
Un message fort : oser, malgré la peur et les barrières
Devant les jeunes qui l’écoutent, Zacharie transmet une consigne simple mais déterminante.
D’oser, d’oser aller faire quelque chose
encourage-t-il. Oser sortir du silence, sortir de son quartier, sortir de ses peurs.
Il sait combien certains ressentent une forme de blocage face au « système » ou aux déplacements loin de la tribu.
On a un peu peur du système
reconnaît-il. Pourtant, il rappelle que l’audace est indispensable :
Il ne faut pas avoir peur et profiter de pouvoir faire des choses quand on est jeune parce qu’après, c’est trop tard
Avec son parcours, Zacharie montre que le breakdance est plus qu’un art : c’est un outil d’expression, de cohésion et d’avenir. Son regard sur la jeunesse calédonienne est exigeant mais optimiste, et son message, limpide : la réussite commence par un premier pas, celui d’oser. Une leçon adressée à toute une génération qui cherche encore sa place.
















