Deux dates. Deux lignes de fracture. Une consultation historique s’imposera aux Calédoniens, qu’ils le veuillent ou non.
Un scrutin décisif pour valider — ou non — l’accord de Bougival
Dans un territoire encore marqué par des décennies d’incertitude institutionnelle, le gouvernement assume enfin une démarche de clarté : soumettre sans ambiguïté l’accord de Bougival au peuple calédonien. Pas de contournement, pas d’ambiguïté : un vote franc, un oui ou un non. Une manière de remettre au centre la volonté populaire, alors que certains acteurs politiques semblaient tout faire pour retarder l’échéance.
Le texte est clair : la consultation devra se tenir au plus tard le 15 mars 2026. Les électeurs seront convoqués par décret, publié trois semaines avant le scrutin. Une mécanique rigoureuse, héritée de la tradition institutionnelle française, qui garantit transparence, ordre et loyauté démocratique.
Car oui, dans ce territoire encore fragilisé par les tensions de mai 2024, il était temps que l’État reprenne la main, replace le droit au-dessus des rapports de force et redonne un cadre incontestable.
La question posée est simple : « Êtes-vous favorable à la mise en œuvre de l’accord de Bougival publié le 6 septembre 2025 ? » Pas de piège, pas de formulation tortueuse. Un choix clair, assumé, qui obligera chacun à sortir du confort de l’ambiguïté. Une majorité simple suffira. La démocratie, la vraie, celle qui tranche.
Un corps électoral strict, pensé pour éviter les contestations et restaurer la confiance
L’enjeu de la légitimité était capital. Depuis trop longtemps, la composition du corps électoral est devenue un champ de bataille où chaque camp accuse l’autre de manipuler les règles du jeu.
Cette fois, l’État acte un cadre solide, définitif, incontestable, fondé sur des critères objectifs.
Pour participer, il faudra être inscrit sur la liste électorale générale et remplir l’une des conditions strictement définies : participation au scrutin de 1998, domicile continu, raisons familiales attestées, statut coutumier, naissance en Nouvelle-Calédonie avec lien matériel et moral, parents nés localement ou encore vingt ans de résidence avant 2014. Une architecture solide, pensée pour refléter la réalité du pays sans céder aux pressions idéologiques.
On notera ce point crucial : les périodes à l’extérieur pour études, service national, raisons familiales ou médicales ne brisent pas la condition de domicile. Un choix pragmatique, qui évite l’exclusion injuste de Calédoniens partis se former ou servir la France, et rappelle que l’attachement à la Nation ne se mesure pas à la présence physique seule.
La liste électorale spéciale sera construite à partir des fichiers existants : liste générale, listes spéciales de 1998, du Congrès, des provinces, fichiers coutumiers. Un socle robuste. Une commission administrative spéciale, présente dans chaque bureau de vote, veillera au bon déroulement de l’inscription.
Un dispositif de contrôle à la française, rigoureux, rassurant, pensé pour éviter les contestations de dernière minute.
Une campagne encadrée pour garantir un débat équitable et un vote incontestable
Dans un territoire habitué aux rapports de force politiques parfois brutaux, l’État fixe des règles claires pour la campagne : ouverture le deuxième lundi précédant le scrutin, fin la veille à zéro heure. Pas de débordement, pas d’agitation permanente, pas de manipulations médiatiques de dernière minute.
Le temps de parole sera strictement réparti selon les règles existantes. Une commission de contrôle supervisera la consultation, son organisation, son déroulement, la validité des bulletins. On retrouve ici la force tranquille du droit français, celle qui protège les citoyens des coups de pression, des interprétations hasardeuses et des postures radicales.
Les chapitres du code électoral applicables ont été précisés : une feuille de route claire, juridiquement sécurisée.
La notion de « candidat » est remplacée par « parti ou groupement habilité », signe que la consultation n’est pas une élection, mais un choix de société, un moment de vérité collective.
L’État ne laisse rien au hasard. Et pour une fois, dans une trajectoire institutionnelle trop longtemps ralentie par les calculs partisans, cette rigueur sonne comme un rappel salutaire : la France est encore capable d’ordre, de méthode et de décision.
Au bout du compte, cette consultation n’est pas qu’un simple rendez-vous électoral. C’est la possibilité, enfin, de tourner la page des ambiguïtés, des demi-compromis, des zones grises institutionnelles. C’est un retour à la souveraineté populaire, mais aussi à la responsabilité : choisir une voie, l’assumer, la construire.
Dans une Nouvelle-Calédonie qui cherche encore son cap, cette consultation pourrait bien être l’acte fondateur d’une stabilisation durable.
Un pays ne peut avancer que lorsqu’il sait où il veut aller.
Le 15 mars 2026, les Calédoniens devront le dire clairement.

















