La mobilité constitue un élément central de l’autonomie et de l’inclusion sociale. À Tahiti, un nouveau cadre stratégique vise à améliorer concrètement l’accessibilité des transports pour les personnes à mobilité réduite.
Une annonce officielle pour structurer la politique d’accessibilité
Le mardi 25 novembre, Jordy Chan, ministre des Grands Travaux et de l’Équipement, accompagné de la vice-présidente Minarii Chantal Galenon Taupua et de la déléguée interministérielle au handicap, Nathalie Salmon-Hudry, a annoncé la finalisation du premier schéma de mise en accessibilité du réseau de transport en commun de Tahiti.
Ce document s’inscrit dans une volonté affirmée d’améliorer les conditions de déplacement des personnes en situation de handicap et des publics confrontés à des difficultés de mobilité.
Il repose sur une étude engagée en octobre 2024, menée à partir des retours d’usagers et de professionnels du secteur, publics et privés.
Le diagnostic met en évidence plusieurs limites actuelles : seuls 10 % des 320 arrêts analysés sont praticables en fauteuil avec assistance, et aucun ne respecte pleinement les normes en vigueur.
Les difficultés relevées concernent notamment la largeur insuffisante des trottoirs, l’absence de quais rehaussés, la présence d’obstacles, ainsi qu’une signalisation jugée inadaptée.
Les autorités soulignent que ces contraintes constituent un frein important à l’emploi et à la participation sociale des personnes concernées.
Dans une société qui se veut moderne et responsable, la mobilité ne saurait être un privilège, mais un droit garanti par un service public efficace.
Un cadre stratégique à l’horizon 2035
Le schéma adopté s’inscrit dans une perspective de long terme, avec des objectifs définis à l’horizon 2035.
Il s’articule autour de neuf orientations et de douze actions structurantes, visant à renforcer la réglementation, améliorer les services et optimiser la gouvernance du réseau.
Le programme prévoit également une communication plus claire sur les règles d’accessibilité, ainsi que des actions de formation à destination des professionnels du bâtiment et de l’aménagement.
Un poste dédié au suivi de la mise en œuvre sera créé au sein de la Direction des transports terrestres à partir de 2026.
La première phase du plan fera l’objet d’un financement évalué à 478 millions de francs, inscrit au budget du Pays.
Une charte d’aménagement, annoncée pour le 2 décembre, précisera les obligations réglementaires et les recommandations techniques à destination des acteurs concernés.
Selon Nathalie Salmon-Hudry, ce schéma doit permettre une meilleure coordination des projets et une prise en compte renforcée des besoins des personnes en situation de handicap.
Des aménagements progressifs sur l’ensemble du territoire
Les premières mesures opérationnelles incluent l’identification d’un arrêt accessible par commune et la révision de ses équipements et cheminements.
Dans la zone urbaine, notamment à Papeete, plusieurs arrêts feront l’objet d’un réaménagement prioritaire pour faciliter l’accès à des sites essentiels : la CPS, le CHPF, les centres commerciaux et les infrastructures aéroportuaires.
Ces travaux comprendront l’élargissement ou la création de trottoirs, l’adaptation des rampes et l’amélioration de la signalisation visuelle et sonore.
Le réseau Tere Tahiti bénéficiera également du déploiement de huit nouveaux bus équipés de rampes en 2026.
À ce jour, 25 véhicules seulement disposent de ce type d’équipement, ce qui représente environ 10 % du parc total.
Le schéma prévoit une meilleure cohérence entre infrastructures et matériel roulant afin de renforcer la continuité du service.
Un service de transport à la demande est également envisagé pour les personnes à mobilité réduite.
Ce dispositif expérimental pourrait entrer en phase de test dès 2027, avec une flotte de six navettes opérant sur certains créneaux et zones spécifiques.
Le ministère étudie différentes modalités de gestion, incluant l’affermage ou la concession, avec des coûts estimés entre 44 et 132 millions de francs.
Les responsables institutionnels rappellent que l’accessibilité des transports constitue un enjeu récurrent, souvent évoqué lors des Journées polynésiennes du handicap.
Le vieillissement de la population est également présenté comme un facteur susceptible d’accentuer les besoins en mobilité adaptée.
Ce schéma entend apporter une réponse progressive et structurée à ces enjeux, dans une logique d’amélioration continue.
Sans posture idéologique ni mise en scène politique, il vise à répondre à une exigence simple : rendre le service public plus efficace, plus lisible et plus juste.
L’enjeu dépasse les clivages institutionnels et engage la responsabilité collective face aux réalités du terrain.
L’accessibilité des transports à Tahiti ne relève plus du discours, mais de l’action, dans une approche mesurée, structurée et tournée vers le résultat.


















