Derrière les discours angéliques, la réalité française s’impose : le pays fait face à une explosion du trafic et de l’usage de drogues.
Pour la première fois, l’État l’admet officiellement, chiffres à l’appui, et révèle l’ampleur d’un fléau qui mine la République.
Un pays submergé : la réalité froide des chiffres
La France fait face à une hausse continue et massive des infractions liées aux stupéfiants depuis 2016. Selon cette nouvelle étude du SSMSI, 2024 marque un tournant : 52 300 personnes ont été mises en cause pour trafic et 290 400 pour usage, un record historique. À l’heure où certains refusent de voir que la drogue détruit la cohésion nationale, les chiffres disent l’inverse : le phénomène ne cesse de croître et touche désormais tout le territoire.
Le cannabis reste la drogue dominante, impliquée dans 78 % des trafics et 92 % des usages. Cette omniprésence illustre un paradoxe français : alors que la société banalise ce produit, les services de sécurité en constatent les ravages. Près de 260 900 usagers mis en cause en 2024, un niveau qui confine à l’industrialisation.
Derrière le cannabis, la cocaïne connaît une progression vertigineuse : +176 % de mis en cause pour trafic depuis 2016. La France n’est plus seulement une zone de passage : elle est devenue un marché de consommation majeur. Le crack, forme la plus destructrice, concentre près de la moitié de ses mis en cause à Paris, preuve qu’une capitale affaiblie attire les réseaux les plus agressifs.
La tendance est tout aussi préoccupante pour les drogues de synthèse : MDMA, amphétamines, kétamine, cathinones. Leur trafic a doublé en neuf ans. Elles séduisent un public jeune, mobile, connecté. Une génération captée par une offre toujours plus abondante.
Cette étude le confirme : l’État fait face à une hyperdiversification du marché de la drogue, devenu l’un des premiers moteurs de la délinquance en France.
Des profils qui changent : jeunesse, étrangers, territoires explosifs
Le rapport établit un constat brutal : le visage du trafic s’est rajeuni. Pour le cannabis, 79 % des mis en cause ont moins de 30 ans, et 22 % sont mineurs. Une réalité qui contredit l’idée d’une jeunesse seulement « victime du système ». Ces chiffres rappellent que la première violence faite aux quartiers vient des réseaux eux-mêmes, qui y enrôlent des mineurs sans scrupules.
La cocaïne attire également un public très jeune, avec un âge médian de 22 ans chez les trafiquants en 2024. Un signe de professionnalisation : les réseaux recrutent tôt, frappent tôt, disparaissent tôt.
Autre donnée majeure : la hausse soutenue de la part d’étrangers dans le trafic, passée de 12 % à 22 % en moins de dix ans. Pour le crack, c’est presque la moitié des mis en cause. Là encore, finis les fantasmes : l’étude fournit des faits, non des slogans. Oui, certains réseaux transnationaux jouent un rôle massif dans la diffusion de drogues dures sur le territoire.
Territorialement, la carte française se morcelle. Le Nord et l’Est deviennent des zones rouges pour l’héroïne. Le Sud-Est flambe pour la cocaïne. Les DOM voient exploser les trafics multiproduits. La France n’est plus homogène : elle est fracturée par la géographie des drogues.
Enfin, un élément central : la mise en place des amendes forfaitaires délictuelles (AFD) depuis 2020 a profondément modifié le profil des personnes verbalisées pour usage, en diminuant fortement la part des mineurs et en augmentant mécaniquement le nombre de mis en cause identifiés. L’étude se contente de rappeler ce que chacun voit : l’outil simplifie l’action mais ne réduit pas la consommation.
Cannabis omniprésent, cocaïne en expansion, drogues de synthèse en embuscade
Le cannabis domine toujours, mais sa part dans le trafic diminue depuis 2016 au profit de substances plus dures. Le marché évolue, s’adapte, se spécialise. Les réseaux cherchent la rentabilité maximale : la cocaïne et les drogues de synthèse rapportent davantage, circulent vite, se cachent mieux.
La résine reste la forme la plus présente en France, notamment pour le trafic. Dans certaines régions, comme le Nord ou la Guadeloupe, l’herbe est majoritaire. À La Réunion et en Martinique, les pieds de cannabis sont particulièrement fréquents. La France n’a plus une seule économie de la drogue : elle en a des dizaines.
Une donnée alarmante émerge : la polyconsommation. Un tiers des trafiquants sont mis en cause pour plusieurs substances. Pour l’ecstasy, c’est 89 %, un taux qui montre l’évolution des pratiques festives et la circulation parallèle de drogues de synthèse.
L’association cocaïne + héroïne frappe particulièrement le Nord et l’Est, tandis que MDMA + kétamine domine dans la population la plus jeune. Ces combinaisons explosent les risques sanitaires et dopent les circuits criminels.
Face à ce basculement, l’étude met en lumière un point trop souvent occulté : les communes touristiques, les villes frontalières et les zones à faibles revenus concentrent une grande part des mis en cause. La drogue prospère là où la fragilité sociale rencontre l’argent facile.


















