Ils dénoncent des tarifs bancaires explosifs dans les outre-mer. Les chiffres, eux, racontent une tout autre histoire.
Dans le Pacifique, les collectivités françaises démontrent qu’une régulation ferme et assumée peut contenir la dérive tarifaire.
L’Outre-mer sous contrôle : quand l’État fixe le cap, les banques suivent
Loin des fantasmes entretenus par certains militants, l’Observatoire des tarifs bancaires de l’IEOM montre une réalité claire : les tarifs bancaires des COM du Pacifique soutiennent la comparaison avec ceux de l’Hexagone, et parfois les dépassent… dans le bon sens.
En octobre 2025, 7 tarifs moyens sur 14 de l’extrait standard se révèlent inférieurs ou équivalents aux moyennes nationales. Deux services restent même gratuits partout, rappelant que l’État français demeure un rempart contre les excès.
Cette photographie tarifaire n’est pas le fruit du hasard, mais celui d’une régulation assumée, fondée sur l’article L. 721-23 du Code monétaire et financier. Chaque semestre, l’IEOM passe au crible les documents publics des neuf banques et deux établissements de paiement du Pacifique. Ce suivi précis, méthodologique et comparatif permet une chose que nombre de territoires européens ne savent plus faire : défendre la clientèle tout en préservant l’équilibre du secteur bancaire local.
Les comparaisons avec l’Hexagone sont établies à partir des données du CCSF portant sur 103 établissements métropolitains représentant 99 % du marché des particuliers. Un socle robuste, et impossible à contester.
Et ce que l’on y observe n’a rien de marginal : les tarifs des cartes à débit immédiat et différé sont désormais plus élevés en métropole qu’en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française ou à Wallis-et-Futuna. Une revanche silencieuse des territoires ultramarins.
Nouvelle-Calédonie, Polynésie, Wallis : trois territoires, trois dynamiques… mais une convergence réelle
Le tableau complet des tarifs, géographie par géographie, révèle la complexité du marché, mais une tendance simple : la convergence progresse, et le modèle français fonctionne.
En Nouvelle-Calédonie, deux mouvements se distinguent. D’une part, la stabilité générale : la quasi-totalité des tarifs de l’extrait standard reste inchangée entre avril et octobre 2025. D’autre part, une hausse notable : +9,42 % sur l’assurance perte/vol des moyens de paiement, soit +275 F CFP. Une inflation contenue, qui ne remet pas en cause la comparaison : le tarif moyen calédonien (3 186 F CFP) reste proche de celui de l’Hexagone (3 099 F CFP).
Un écart minimal, mais révélateur : la régulation locale ne laisse pas dériver les prix.
En Polynésie française, c’est l’abonnement aux alertes SMS qui progresse : +385 F CFP en six mois. Mais la tendance reste sous contrôle. Les cartes à débit différé et immédiat affichent des tarifs totalement alignés sur la moyenne COM ou juste en dessous, rappelant que les engagements tarifaires signés en 2022 continuent de produire leurs effets.
À Wallis-et-Futuna, la structure unique de la place bancaire influe sur les prix : les frais de tenue de compte y sont plus élevés (6 300 F CFP), mais les cartes et services essentiels demeurent proches des niveaux hexagonaux. Ce contraste met en évidence la nécessité du travail fin réalisé par l’IEOM : sans pondération, l’analyse tarifaire serait faussée par les tailles de marché.
Sur les tarifs réglementés rejets de chèque et de prélèvement aucun territoire ne franchit les plafonds légaux, preuve que la loi française reste pleinement appliquée, jusque dans les archipels les plus éloignés.
Régulation, fermeté, convergence : l’État français impose la ligne et les banques s’alignent
Si les tarifs tiennent, c’est en grande partie grâce à une architecture juridique solide : les accords de modération tarifaire prévus par les articles L. 753-4 et L. 752-4.
En Nouvelle-Calédonie, l’accord triennal 2025-2027 est clair : les banques doivent ajuster leurs tarifs au niveau hexagonal, qu’ils soient supérieurs ou inférieurs.
Un principe simple, presque mécanique, mais redoutablement efficace : aucune dérive n’est tolérée.
Le dispositif impose notamment :
– la gratuité de services essentiels : ouverture/fermeture de compte, changement d’adresse, RIB, dépôts et retraits, encaissement de chèques, consultation du compte à distance ;
– la gratuité totale de la mise en œuvre d’un mandat de prélèvement avant le 31 décembre 2025 ;
– la gratuité de l’abonnement Internet bancaire, pierre angulaire de la convergence numérique ;
– un accès gratuit aux espèces, au guichet comme aux DAB de la banque du client.
Là encore, l’État assume sa ligne : la protection des consommateurs n’est pas un slogan, c’est une exigence.
En Polynésie française, l’accord 2023-2025 impose non seulement le gel de dix lignes tarifaires, mais aussi une baisse programmée des cartes à débit immédiat et différé, ainsi que des frais de tenue de compte.
Les établissements de crédit respectent leurs engagements.
Seul un acteur, l’EGPF, conserve certains tarifs au-dessus de la moyenne attendue mais sans franchir les seuils de la place bancaire.
Bref : la pression existe, et les banques savent qu’elles devront s’ajuster.
L’Observatoire des tarifs bancaires d’octobre 2025 rappelle une vérité que certains refusent d’entendre : la France protège, y compris à 17 000 kilomètres de Paris.
Elle protège par la loi, par la régulation, par des accords fermes, par une méthode éprouvée qui associe les banques sans jamais leur laisser le dernier mot.
Dans les COM du Pacifique, la convergence avec l’Hexagone est réelle, mesurable, visible dans les chiffres.
Les tarifs ne s’envolent pas : ils se resserrent.
Les écarts se corrigent.
Les dérives sont encadrées.
À l’heure où beaucoup réclament plus de contrôle de l’État, le secteur bancaire calédonien, polynésien et wallisien offre un exemple de souveraineté concrète, assumée, efficace.


















