L’EGC Business School sacre deux idées détonantes : des vêtements en cheveux et des lampadaires au lithium recyclé. L’innovation made in NC.
L’avenir circulaire a trouvé ses porte-voix à l’EGC
Trois jours, dix équipes, une compétition et un seul mot d’ordre : réinventer l’économie circulaire en Nouvelle-Calédonie. Ce vendredi 18 juillet, l’EGC Business School a tranché. « Hair We Go », une startup imaginant des vêtements de sport à base de cheveux recyclés, rafle la première place. Le coup de cœur du jury revient à « Litho Tech », un projet de lampadaires solaires conçus à partir de batteries au lithium usagées.
C’est une jeunesse calédonienne inventive, lucide et percutante qui a brillé à Nouméa, dans un monde où les déchets deviennent ressources, et où la transition écologique se pense d’abord à l’école.
Hair We Go : les cheveux comme fil conducteur de la mode éthique
Hugo, Pierre-Louis, Nikita, Tessy et Sacha n’ont pas simplement coiffé leurs concurrents au poteau. Ils ont mis la barre haute : 90 % de cheveux recyclés, 10 % de coton, une ambition textile locale, et une chaîne d’approvisionnement calédonienne passant par les salons de coiffure. Le concept est osé, mais la démonstration fut convaincante.
On voulait choquer, interpeller, et surtout montrer que la ressource était sous nos pieds… ou plutôt sur nos têtes
résume Hugo, l’un des porteurs du projet. Et il n’exagère pas : les cheveux ont des propriétés isolantes, thermiques, et surtout une abondance naturelle inexploitée jusqu’ici.
Ce projet, en plus de son audace, fait écho aux enjeux locaux : valorisation des déchets organiques, emploi local, circuits courts, et image de marque verte pour la Nouvelle-Calédonie. Le jury, séduit, y a vu « un vrai potentiel de production artisanale d’abord, industrielle demain. »
Litho Tech : quand le lithium usé devient lumière
Face aux ténèbres de la gestion des déchets électroniques, Noémie, Aurlane, Vaïc et Noémy ont apporté une lueur d’espoir — littéralement. Leur startup « Litho Tech » propose de réutiliser les batteries usagées au lithium, trop souvent enfouies ou exportées, pour alimenter des lampadaires autonomes à énergie solaire.
On est partis d’un paradoxe : la Nouvelle-Calédonie extrait du nickel et produit des batteries, mais ne gère pas leurs déchets
rappelle Noémie. Leur idée : les récupérer, les tester, les reconditionner et leur donner une seconde vie dans l’éclairage public.
Le projet est techniquement ambitieux, mais rentre en pleine cohérence avec les enjeux énergétiques du territoire. L’un des membres du jury, Christopher Gygès, membre du gouvernement chargé de l’énergie, a salué une « démarche ancrée dans le concret, avec une vraie logique industrielle. »
Une compétition placée sous le signe du réalisme écologique
Pendant trois jours, les étudiants ont travaillé en sprint sur des problématiques bien ancrées dans le quotidien calédonien : déchets de peinture, peaux d’animaux de l’UPROB, pneus usagés, cheveux coupés, batteries mortes… Chaque équipe a reçu un thème et un défi : transformer ces rebuts en opportunités locales.
Le Challenge 2025 de l’EGC a aussi accueilli un invité de marque : David Barthe, directeur général du réseau EGC, en déplacement exceptionnel en Nouvelle-Calédonie. Son constat :
Ce que j’ai vu ici est au niveau des meilleurs challenges en métropole. Il y a une audace typiquement calédonienne, un esprit pionnier qu’on ne retrouve pas partout.
Les « pitchs » finaux, ont confronté les étudiants à un jury mêlant expertise économique, politique et environnementale. Une manière de tester leur capacité à convaincre, argumenter, modéliser… et parfois, improviser. Car ce qui se joue ici n’est pas qu’un exercice académique, c’est un entraînement à la réalité entrepreneuriale.
Une jeunesse en transition qui demande des actes
Ces jeunes porteurs de projets ont montré qu’en Nouvelle-Calédonie aussi, la transition écologique est l’affaire de tous, et qu’elle doit d’abord passer par l’audace des idées. Mais à une condition : qu’elle soit écoutée, financée et accompagnée.
Le territoire ne manque ni de talents, ni de matières premières à réutiliser. Il lui faut maintenant des structures d’accompagnement, des partenaires industriels, des politiques publiques qui prennent le relais. Faute de quoi ces projets resteront au stade de la maquette.
Ce Challenge startup 2025 a donc été bien plus qu’un concours : un miroir tendu à l’économie calédonienne, avec une question en suspens — êtes-vous prêts à miser sur la jeunesse ?