Par une plume concernée.
Les flammes de Pouembout ne sont pas qu’un fait divers. Elles éclairent crûment un mal bien plus profond : celui d’une jeunesse abandonnée. Livrée à elle-même, sans repères, sans cadre, sans transmission. Pas seulement par l’État. Mais aussi — et surtout — par ceux qui auraient dû être là en premier : les parents, les coutumiers, les responsables communautaires, les leaders politiques.
Car à ce stade, ce n’est plus de la marginalité. C’est une démission collective. Une abdication parentale.
Où est passée l’autorité éducative kanak ?
On parle souvent de “valeurs coutumières”. Mais où sont-elles quand des jeunes détruisent leur propre avenir à coups de pierres et de cocktails Molotov ? Que fait la coutume quand les repères ne sont plus transmis ? Quand des enfants élèvent eux-mêmes d’autres enfants, dans des squats, dans des familles fracturées, dans l’absence d’un père, ou la fatigue d’une mère seule ?
On nous dit : « La société est raciste. »
On nous répond : « Les inégalités sociales poussent à la violence. »
Mais est-ce que cela justifie qu’un jeune de 16 ans incendie une entreprise locale à 1h du matin ? Est-ce cela, l’héritage à transmettre à une génération qui ne demande qu’à être construite ?
Pendant ce temps, ceux qui dénoncent les inégalités à sens unique oublient de regarder en face leurs propres responsabilités éducatives. Le monde kanak n’est pas exempt de devoirs. La société coutumière ne peut pas brandir l’identité comme un bouclier, puis fuir dès qu’il s’agit de remettre un adolescent sur le droit chemin.
Où sont les grands frères du 13 mai ?
Car ces jeunes, on les a vus. Ils étaient nombreux, surexcités, galvanisés, encadrés par des aînés qui leur disaient “vous êtes les héros de la résistance”. C’était le 13 mai. C’était la CCAT. C’était les cortèges dans les quartiers. C’était l’appel au « blocage du pays ».
Et maintenant ? Ils sont où, les grands frères ? Où sont passés les chefs de tribu, les représentants politiques indépendantistes qui avaient trouvé si commode de se servir de cette jeunesse inflammable comme d’un levier politique ?
Quand il s’agissait de crier à l’injustice, ils étaient là.
Quand il s’agit d’aller parler à ces jeunes après qu’ils ont brûlé une entreprise… plus personne.
Aider ou entretenir : il faut choisir
Oui, il existe des inégalités. Oui, certains territoires vivent dans la précarité.
Mais faut-il continuer à tout excuser au nom de cette réalité ?
Depuis des années, l’État et les collectivités multiplient les aides, les emplois aidés, les quotas d’accès à la fonction publique, les dispositifs d’insertion spécifiques — une forme assumée de discrimination positive censée compenser les déséquilibres passés.
Mais au bout du compte, qu’a-t-on réellement construit ?
Une culture de l’excuse, parfois. Un confort dans la dépendance, souvent. Une logique où certains finissent par croire qu’ils ont des droits sans devoirs. Qu’ils méritent, sans effort.
Et que la société leur doit tout, en continu.
Le problème, ce n’est plus l’injustice : c’est la banalisation d’un traitement à part, devenu une rente identitaire.
Une discrimination positive qui finit par produire… des résultats négatifs.
Le RSMA, lui, montre l’inverse : des jeunes issus des mêmes milieux que ceux qui cassent… mais qui s’en sortent. Pourquoi ? Parce qu’ils acceptent l’effort. La discipline. La reconstruction. Parce qu’ils veulent grandir — pas s’enfermer dans un statut d’éternelle victime.
Quand la coutume se tait, quand les parents baissent les bras, quand les politiques désertent, alors les jeunes s’égarent.
Et la société finit par payer l’incendie de ses propres lâchetés.