Coup de théâtre institutionnel. La semaine dernière, le Conseil d’État a enjoint le Haut-commissaire à rétablir Jacques Lalié dans l’ensemble de ses mandats. Une ordonnance qui s’applique immédiatement à sa fonction de président de la Province des Îles, mais aussi à son siège de membre du Congrès.
Autrement dit : en attendant que la haute juridiction statue définitivement sur l’exécution provisoire de sa peine, Lalié retrouve son fauteuil.
Cette décision suspend de fait les effets immédiats de sa condamnation, réinstallant l’élu dans ses fonctions jusqu’à nouvel ordre. Une victoire judiciaire qui fait basculer la scène politique locale dans une situation de grande incertitude.
Une condamnation toujours en suspens
Rappelons que Jacques Lalié avait été condamné à deux ans d’inéligibilité dans l’affaire de favoritisme concernant le renouvellement du parc informatique. Une peine assortie d’un appel, qui suspend son caractère définitif.
Le Conseil d’État est donc venu trancher provisoirement, créant un flottement institutionnel inédit : un président condamné mais réinstallé, une présidence contestée mais validée par l’instance suprême.
Ce cas illustre la fragilité des équilibres politiques calédoniens : la justice suit son cours, mais la mécanique institutionnelle continue, entre zones d’ombre juridiques et bras de fer politiques.
Bras de fer avec Mathias Waneux
La reprise de pouvoir de Jacques Lalié ne s’est pas faite en douceur. Dans un courrier adressé à Mathias Waneux – élu président de la Province des Îles en décembre dernier après sa condamnation – le ton est sans équivoque :
Je vous informe que je reprends dans l’immédiat l’ensemble de mes fonctions et vous invite à prendre vos dispositions.
Cette déclaration sonne comme une sommation et ouvre une période de tensions. D’un côté, Lalié brandit son droit reconnu par le Conseil d’État. De l’autre, Mathias Waneux, élu en bonne et due forme, voit son mandat brutalement remis en cause.
La suite dépendra désormais des décisions judiciaires sur le fond, mais aussi de la capacité des institutions à absorber ce nouvel épisode de crise. Une chose est sûre : le feuilleton politique de la Province des Îles est loin d’être clos.