La visite du ministre des Outre-mer s’annonce explosive en Nouvelle-Calédonie. À la veille de son arrivée, le FLNKS dégaine un communiqué de défiance contre l’État français.
Un communiqué truffé de ressentiment contre la France
Ce mardi 19 août, à quelques heures de l’arrivée de Manuel Valls en Nouvelle-Calédonie, le président du FLNKS a diffusé un communiqué au vitriol. Il dénonce une prétendue stigmatisation du front indépendantiste, tout en accusant l’État français de « diviser pour mieux régner ». Cette rhétorique, vieille comme la politique coloniale, revient sans cesse dans le discours indépendantiste. Mais les faits sont têtus : c’est bien le FLNKS qui a rejeté le projet d’accord de Bougival, préférant camper sur une position de refus permanent.
Le communiqué, au ton victimaire, multiplie les références historiques : de la déclaration de Nainvilles-les-Roches en 1983 aux accords de Matignon et de Nouméa, le FLNKS se présente comme héritier de la paix, tout en soufflant sur les braises de la division. Le paradoxe est saisissant.
Christian Tein, liberté retrouvée et radicalisation assumée
Derrière la façade institutionnelle, le communiqué porte la marque de Christian Tein, président du FLNKS, qui profite de sa liberté retrouvée en métropole. Entre séjours en Corse, dîners parisiens et présence dans les cercles d’ultra-gauche, le leader indépendantiste apparaît loin des réalités quotidiennes de sa base militante.
Pendant que le président multiplie les voyages et les prises de parole, les familles kanak peinent à joindre les deux bouts, frappées par la crise économique et sociale. Cette déconnexion nourrit un ressentiment croissant, y compris dans les tribus qui voient leur quotidien s’effondrer. Le contraste entre le confort militant du leader et la précarité des soutiens de terrain fragilise le discours officiel du FLNKS.
Valls attendu de pied ferme, le FLNKS crispé
La charge du FLNKS s’inscrit dans une stratégie d’opposition systématique. Manuel Valls, qui arrive pour défendre l’unité républicaine et rappeler l’importance de la stabilité institutionnelle, devient le bouc émissaire tout trouvé. Le communiqué s’insurge contre une supposée infantilisation, allant jusqu’à accuser la France de pratiquer une « colonisation moderne ». Un vocabulaire fort, mais qui sonne comme un disque rayé.
Alors que le ministre entend replacer la Nouvelle-Calédonie dans le cadre de la République, le FLNKS joue la surenchère, appelant ses militants et sympathisants à se mobiliser « pacifiquement ». Mais derrière les mots, la tension est palpable. Les élections, que Paris veut maintenir, sont vues par le FLNKS comme un piège. Pourtant, le renouvellement démocratique reste le seul moyen d’apaiser durablement la crise politique.
En définitive, ce communiqué illustre une double fracture : celle entre le FLNKS et l’État français, mais aussi celle entre le discours radical de ses leaders et la réalité sociale de ses militants. Manuel Valls arrive sur un territoire sous haute tension, où l’indépendantisme s’accroche à des symboles tout en perdant le contact avec le terrain. La République, elle, avance, consciente qu’un pays ne se gouverne pas à coups de ressentiment, mais par des actes et des élections.