Deux visions irréconciliables, une journée électrique. À Nouméa, le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a été accueilli par une opposition farouche du FLNKS, déterminé à rejeter l’accord de Bougival.
FLNKS contre l’accord de Bougival : la radicalité d’un refus
Mercredi 20 août 2025, une délégation du Bureau politique du FLNKS a rencontré Manuel Valls dans le cadre de sa visite officielle en Nouvelle-Calédonie. Les échanges, décrits comme « sereins mais fermes », se sont transformés en véritable déclaration de guerre politique. Le FLNKS a réitéré son rejet catégorique de l’accord de Bougival, signé le 12 juillet en région parisienne, texte qualifié par l’État et la majorité des élus locaux d’« historique ».
Selon les indépendantistes, cet accord ne serait qu’une « nouvelle forme de colonisation ». Derrière ce discours, la même ligne dure : refus de toute évolution institutionnelle sans reconnaissance préalable d’une souveraineté kanak. Une posture dénoncée par de nombreux élus locaux, qui rappellent que le peuple kanak a déjà participé à trois référendums d’autodétermination dans le cadre de l’accord de Nouméa.
En contestant l’accord de Bougival, le FLNKS choisit l’isolement. Les autres forces politiques calédoniennes, loyalistes comme autonomistes, y voient au contraire une garantie de stabilité et un outil de réconciliation nationale.
Un communiqué incendiaire contre l’État français
Dans son communiqué publié à Nouméa, le FLNKS accuse Paris de vouloir imposer un texte contraire aux « droits du peuple kanak ». La délégation, conduite notamment par Dominique Fochi, affirme que la signature de Bougival « prive le peuple de son droit à décider de son destin ». Le FLNKS rejette en bloc toute perspective de calendrier électoral ou de réforme institutionnelle issue de cet accord.
Cette dénonciation n’est pas une surprise : depuis plusieurs semaines, la frange la plus radicale du mouvement indépendantiste multiplie les attaques contre le gouvernement et les élus signataires. Pourtant, dans les couloirs de l’hôtel de Bougival, plusieurs représentants kanaks avaient validé tacitement le texte. Cette volte-face spectaculaire illustre un double discours : dire non à Paris tout en restant présent aux négociations.
Les loyalistes pointent une contradiction flagrante : comment le FLNKS peut-il parler de « trahison » alors que ses représentants ont participé activement aux discussions ? Pour eux, il s’agit d’une stratégie classique de victimisation destinée à mobiliser la base militante.
Valls face au défi d’un FLNKS divisé
Pour sa première journée en Calédonie, Manuel Valls a multiplié les rendez-vous : rencontre avec les sénateurs coutumiers, réunions avec les collectivités locales, échanges avec les signataires de Bougival. À chaque fois, le message du ministre a été clair : « L’accord de Bougival est un texte d’avenir. »
Le locataire de la rue Oudinot insiste sur la nécessité de sortir de l’impasse politique. Pour lui, l’État français ne peut plus reculer après trois décennies de processus référendaire. Sa mission : convaincre que Bougival est la seule voie possible pour éviter un retour aux années noires.
Mais le FLNKS, dans sa ligne la plus dure, continue de souffler sur les braises. Dominique Fochi a averti que « le peuple kanak ne se laissera pas dépouiller de ses droits ». Pourtant, derrière les slogans, beaucoup reconnaissent que le mouvement indépendantiste est fracturé : entre les partisans d’un dialogue pragmatique avec Paris et les militants radicaux qui refusent tout compromis.
Bougival fut un moment historique, mais le FLNKS radical veut le transformer en champ de bataille politique.