Une tournée dans le Nord, Manuel Valls défend l’accord de Bougival devant des habitants sceptiques et des coutumiers prudents.
Une visite symbolique au cœur du Nord
Manuel Valls, ministre d’État et ministre des Outre-mer, a choisi de poser le pied là où le cœur de la Calédonie bat encore au rythme de la coutume : Voh et Koné. Devant les présidents des aires Hoot Ma Whaap, Païci-Cemuki, Ajië-Aro et Xaracùù, l’ancien Premier ministre a répété son objectif :
écouter la population et expliquer l’accord de Bougival
Une déclaration solennelle, mais accueillie avec une prudence palpable.
La visite, dans un territoire où l’indépendantisme reste fort, visait autant à rassurer qu’à tester la réceptivité locale.
Nous voulons comprendre comment cet accord changera nos vies
glisse un habitant de Voh.
Un accord expliqué, mais encore incompris
Si l’accord de Bougival est présenté par Paris comme une sortie de crise, le scepticisme domine. Dans les échanges, beaucoup soulignent que les Calédoniens
ne veulent pas d’un texte écrit à Paris, sans eux
Un coutumier insiste :
On nous demande d’approuver un accord qu’on n’a pas rédigé
Valls a martelé le message de l’État : stabilité institutionnelle, développement économique et garanties pour tous. Mais la méfiance reste ancrée, alimentée par la mémoire des référendums et des promesses non tenues.
La brousse, terrain décisif de la bataille politique
Ce vendredi, la délégation poursuit sa route à Bourail. Un déplacement stratégique : la brousse, loin de Nouméa et de ses cercles politiques, demeure le baromètre du climat social. Ici, la vie chère, la scolarité ou l’accès aux soins pèsent bien plus que les débats juridiques.
Ce qu’on attend de l’État, c’est du concret, pas des discours
tranche un éleveur. Dans cette partie du pays, la patience s’use vite. Si l’accord de Bougival échoue à convaincre ici, il aura du mal à s’imposer ailleurs.