Par une plume concernée
Depuis plus d’un an, les slogans du FLNKS se répètent à l’infini : “justice”, “vérité”, “déportations”, “prisonniers politiques”. Les mêmes mots reviennent comme un disque rayé, relayés par des affiches, des tracts et des publications militantes. Leur obsession : transformer les émeutiers du 13 mai 2024 en victimes et faire croire que leur libération serait l’urgence absolue du pays.
Mais une question s’impose : où est le projet de société ?
Car derrière cette rhétorique de victimisation politique, le silence est total sur ce qui devrait être la priorité : l’économie calédonienne, l’emploi, le vivre-ensemble. Pendant que certains crient à la répression coloniale, des milliers de familles calédoniennes se battent pour boucler leurs fins de mois. Pendant que l’on exige le retour des détenus du 13 mai, des commerçants sinistrés cherchent encore comment rouvrir leur boutique. Pendant que l’on réclame des droits pour quelques-uns, des salariés perdent leur travail et des jeunes quittent l’école sans avenir.
Pas un mot sur la manière de mener la reconstruction économique après le chaos. Pas une ligne sur la création d’emploi, alors que le chômage des jeunes explose. Pas une idée pour restaurer le vivre-ensemble, alors que les communautés se fracturent. Pas une vision pour assurer la souveraineté alimentaire, alors que l’inflation met à genoux les familles les plus modestes. Ce qui frappe, ce n’est pas ce qui est dit. C’est tout ce qui est passé sous silence.
Cette stratégie n’est pas anodine. Elle vise à détourner le débat. Elle transforme des casseurs en héros et fait oublier les vraies victimes : les familles dont la maison a brûlé, les entrepreneurs qui ont tout perdu, les salariés licenciés. Elle enferme le pays dans une logique de confrontation permanente, au lieu de proposer un chemin de reconstruction. Réclamer, dénoncer, accuser : voilà le registre. Mais proposer, construire, rassembler : là, plus rien.
La vérité, c’est que la justice pour les Calédoniens ne se résume pas à quelques procès. La justice, c’est que les enfants puissent retourner à l’école en sécurité. C’est que les familles puissent faire leurs courses sans sacrifier la moitié de leur salaire. C’est que les jeunes trouvent un emploi plutôt qu’une cellule. La justice, c’est que le pays sorte enfin de cette spirale de haine et de victimisation politique.
Un mouvement politique digne de ce nom devrait parler d’avenir. Comment relancer l’économie calédonienne ? Comment attirer des investisseurs ? Comment développer l’agriculture et assurer la souveraineté alimentaire ? Comment recréer la confiance entre communautés après tant de blessures ? Voilà les vraies questions. Mais elles ne figurent jamais dans les tracts du FLNKS.
Ce vide dit tout. Il révèle l’absence totale de projet. Car crier à l’injustice est simple. Construire un pays, c’est autre chose. Et tant que certains se contenteront de slogans, la Nouvelle-Calédonie restera prisonnière du passé.
La population, elle, a compris. Elle n’attend plus de grands mots, mais des actes. Elle n’attend plus de nouvelles victimisations, mais des solutions concrètes. Elle n’attend plus des slogans sur le 13 mai, mais une vision pour l’avenir du pays.
La justice pour la Nouvelle-Calédonie, ce n’est pas la libération de casseurs. C’est la libération du pays lui-même : libération de la peur, du chaos et de l’impasse politique.