Un scandale éclate au grand jour et met à nu les failles d’un système censé protéger les enfants. Christophe Bretagne, proviseur du lycée Michel-Rocard à Pouembout, est au cœur d’une affaire judiciaire aux répercussions nationales.
Un proviseur placé sous contrôle judiciaire
Le 2 août dernier, La Dépêche de Nouméa révélait une affaire explosive : Christophe Bretagne avait été placé en garde à vue. Initialement soupçonné de viols sur mineurs, il fait aujourd’hui l’objet de poursuites pour atteinte sexuelle sur mineur de plus de 15 ans, pour des faits commis entre le 21 mai et le 19 juin derniers.
L’enquête, confiée à la brigade de recherches de Koné, a abouti à une requalification. Le parquet a précisé que la victime avait reconnu des rapports consentis, corroborant les confidences faites à des camarades et à certains personnels du lycée. Mais la loi est claire : un adulte en position d’autorité n’a pas le droit d’entretenir de tels liens avec un mineur.
Présenté au parquet le 27 août, le proviseur a nié les faits. La justice a toutefois décidé son placement sous contrôle judiciaire strict : interdiction d’entrer en contact avec l’élève, interdiction d’exercer une fonction éducative ou toute activité avec des mineurs, et interdiction d’approcher le lycée Michel-Rocard. Ce dispositif vise à protéger la victime et à rappeler le caractère sacré de la mission éducative.
Un parcours marqué par les polémiques
Avant son arrivée en Nouvelle-Calédonie, Christophe Bretagne avait déjà occupé plusieurs postes dans l’enseignement agricole. Après avoir dirigé pendant 11 ans le lycée agricole Émile Boyer de la Giroday à Saint-Paul (La Réunion), il avait pris ses fonctions de directeur du lycée agricole de Coconi, à Mayotte, en septembre 2018.
Selon nos informations, son passage reste controversé. Il succédait alors à Marc Longo, qui aurait été écarté après avoir transmis au procureur de la République de Mayotte deux signalements sur le fondement de l’article 40 du code de procédure pénale :
- un cas d’agression sexuelle sur une élève par un enseignant,
- et des comportements jugés inacceptables de la part d’agents ayant autorité sur des élèves, dont le proviseur adjoint, Papa Hamed Combo.
Selon plusieurs témoignages, M. Longo aurait exhorté son successeur à protéger l’anonymat des élèves lanceuses d’alerte. Or, Christophe Bretagne aurait choisi de convoquer ces jeunes filles publiquement, en les faisant chercher dans leurs classes pour être auditionnées par des inspecteurs, dans un bureau jouxtant celui du proviseur adjoint alors suspendu. Résultat : des adolescentes « terrorisées », incapables de réitérer leurs propos face à la hiérarchie.
Le procureur de l’époque, Camille Miansoni, aurait été destinataire des signalements.
Une société face à son devoir de protection
Aujourd’hui, en Nouvelle-Calédonie, l’affaire Bretagne ravive les inquiétudes sur la capacité de l’institution scolaire à protéger ses élèves. Le procureur a rappelé la gravité des faits reprochés : l’atteinte sexuelle sur mineur est un délit puni de cinq ans de prison et de 45 000 euros d’amende (5,4 millions de francs).
Au-delà du cas individuel, c’est la confiance entre les familles, les élèves et l’école qui est en jeu. L’école n’est pas seulement un lieu d’instruction, mais aussi un espace de protection. Quand ceux qui incarnent l’autorité trahissent leur mission, c’est toute la société qui vacille.
Cette affaire souligne l’impérieuse nécessité d’une vigilance constante, d’un soutien sans faille aux victimes, et d’une exemplarité absolue des responsables éducatifs. Aucune complaisance n’est possible face aux dérives sexuelles, surtout lorsqu’elles impliquent un adulte en position d’autorité.