Le 25 décembre dernier, Jimy K., 18 ans, a transformé la route provinciale de Saint-Louis, à La Réunion, en cauchemar. En dix minutes, ce jeune homme ivre, masqué et « énervé », a lancé des pierres sur cinq véhicules, blessant grièvement une octogénaire et traumatisant plusieurs automobilistes. Solange, 83 ans, a vu sa vie basculer : une pierre de 400 grammes lui a fracturé la mâchoire, nécessitant une opération chirurgicale, des mois d’alimentation mixée et des séquelles irréversibles. « Dix centimètres plus haut, il tuait ma femme », a témoigné son mari, bouleversé, devant le tribunal.
« 𝐓𝐫𝐚𝐯𝐞𝐫𝐬𝐞𝐫 𝐥𝐚 𝐭𝐫𝐢𝐛𝐮, 𝐜’𝐞𝐬𝐭 𝐮𝐧𝐞 𝐳𝐨𝐧𝐞 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐧-𝐝𝐫𝐨𝐢𝐭 »
Les victimes, encore sous le choc, décrivent une peur persistante. L’une « psychote » à chaque passage dans la tribu, une autre a renoncé à emprunter cette route. Un père raconte l’impact de la pierre, frôlant son fils de trois ans : « J’ai eu de la haine. » Face à ces récits, Jimy K., sans casier judiciaire mais sans explication claire, a balbutié : « C’était un mauvais délire. » L’alcool, invoqué comme facteur, n’a pas convaincu la présidente du tribunal : « Ce n’est pas l’alcool qui a jeté la pierre. »
« 𝐎𝐧 𝐧𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐝𝐨𝐧𝐧𝐞𝐫𝐚 𝐣𝐚𝐦𝐚𝐢𝐬 »
Si le jeune homme, en recherche d’emploi après un échec en CAP électricité, a présenté des excuses, le mari de Solange a refusé toute rédemption : « Ce jeune criminel, raciste et ultra-violent […] ne sera jamais pardonné. » L’audience a révélé un malaise plus profond : la RP1, artère vitale mais perçue comme dangereuse, cristallise les tensions entre insécurité et nécessité familiale. Alors que Solange tente de reconstruire sa vie avec une plaque au visage, la question reste en suspens : comment apaiser une communauté où la violence a laissé des cicatrices aussi physiques que psychologiques ?
(Source : La voix du cailloux)