Une juge d’instruction parisienne a décidé, vendredi 30 mai, d’alléger le contrôle judiciaire de Frédérique Muliava, militante indépendantiste kanak, autorisant son retour en Nouvelle-Calédonie après plusieurs mois en métropole. Cette décision intervient dans le cadre de l’enquête en cours sur les violentes émeutes de mai 2024 qui ont secoué l’archipel.
Une figure du mouvement indépendantiste
Frédérique Muliava est militante de la Cellule de coordination des actions de terrain (CCAT), un collectif indépendantiste accusé par les autorités françaises d’être à l’origine des troubles du 13 mai 2024 en Nouvelle-Calédonie. Ces émeutes avaient causé 14 morts et plus de 2 milliards d’euros de dégâts. Elle est également directrice de cabinet du président du Congrès de Nouvelle-Calédonie, ce qui fait d’elle une figure politique de premier plan.
Des accusations lourdes et un transfert controversé
Comme dix autres militants du CCAT, Muliava a été mise en examen pour des infractions très graves, notamment complicité de tentatives de meurtres, vols avec arme, association de malfaiteurs et destructions en bande organisée. Transférée en métropole à 17 000 km de sa famille, elle a d’abord été incarcérée, puis assignée à résidence avec bracelet électronique, avant d’être placée sous contrôle judiciaire strict.
En janvier 2025, l’instruction a été transférée à Paris à la demande de plusieurs mis en examen, invoquant des atteintes à leur présomption d’innocence à Nouméa.
Retour autorisé mais sous conditions strictes
Vendredi, une juge d’instruction parisienne a jugé qu’il était disproportionné de maintenir Muliava éloignée de ses proches et de son emploi. Elle a donc accepté un aménagement de son contrôle judiciaire, autorisant son retour à Nouméa, tout en lui imposant plusieurs restrictions :
- Interdiction de contact avec les autres mis en examen dans cette affaire
- Interdiction de participer à toute manifestation publique en Nouvelle-Calédonie
Cette décision peut encore faire l’objet d’un appel, mais marque un tournant judiciaire et politique dans ce dossier sensible pour l’avenir du territoire.